La photographie est omniprésente autour de nous. Il n’y a qu’à penser à la multitude d’images qui nous atteignent chaque jour à travers les médias comme la télévision, les sites web ou les publicités.
En circulation sur la planète, il existe plusieurs milliards d’appareils capables de capter des images. Ces appareils photo peuvent être très récents, comme dans nos téléphones intelligents, ou plus anciens, comme les millions d’appareils argentiques dormant dans nos placards.
La technique photographique aura bientôt deux cents ans d’existence. Toutefois, il y a des approches informatiques modernes pouvant prêter assistance au traitement des images, qu’elles soient anciennes ou récentes. Deux exemples vous seront présentés ici.
Le ternissement de l’argent et les daguerréotypes
L’invention de la photographie date de 1839, moment où le daguerréotype développé par Louis Daguerre a été présenté à l’Académie des sciences de France. Voici comment Wikipédia décrit cette technique :
« [Le daguerréotype] est constitué d’une plaque, généralement en cuivre, recouverte d’une couche d’argent. Cette plaque est sensibilisée à la lumière en l’exposant à des vapeurs d’iode qui, en se combinant à l’argent, produisent de l’iodure d’argent photosensible. Lorsqu’elle est exposée à la lumière, la plaque enregistre une image invisible, dite « image latente ».
Le développement de l’image est effectué en plaçant la plaque exposée au-dessus d’un récipient de mercure légèrement chauffé (75 °C). La vapeur du mercure se condense sur la plaque et se combine à l’iodure d’argent en formant un amalgame uniquement aux endroits où la lumière a agi, proportionnellement à l’intensité de celle-ci.
L’opération suivante consiste à fixer l’image, c’est-à-dire à la rendre permanente, en plongeant la plaque dans une solution d’hyposulfite de soude, (…). L’image produite par cette méthode est si fragile qu’elle ne supporte pas la plus légère manipulation, et doit être protégée contre tout contact. »
Le daguerréotype a été populaire pendant dix à vingt ans, puis il a été remplacé par des techniques moins dispendieuses. Une plaque de cuivre recouverte d’argent ternit très rapidement sous l’effet de l’oxygène de l’air ambiant, tout comme l’argenterie d’ailleurs.
Les vieux daguerréotypes insuffisamment protégés sont donc souvent dans un pauvre état, rendant impossible l’observation à l’œil nu des vieilles images qu’ils contiennent encore.
Des chercheurs canadiens de l’Université Western à London, en Ontario, ont développé une technique d’imagerie par fluorescence à rayons X. Cette méthode détecte les traces infimes du mercure utilisé dans le développement de la plaque photographique. Il devient possible de retrouver l’image cachée par l’argent terni.
Vous pourrez visionner un court vidéo de 47 secondes illustrant cette technique en cliquant ici.
L’image du début de cet article a été retrouvée sur un daguerréotype en état pitoyable après huit heures de traitement dans des conditions expérimentales. Il s’agit donc d’une technique de pointe fort coûteuse, mais presque magique.
La falsification des images et l’intelligence artificielle
Les logiciels de traitement des images, comme Photoshop, permettent de modifier le contenu des photographies. Il est légitime de recadrer une photo et de l’améliorer par des ajustements de couleur et de contraste.
Toutefois, c’est une tout autre chose de créer des images qui n’ont jamais existé par des manipulations de pixels. Les images ne doivent pas être trafiquées dans le cas du photojournalisme, des reportages sur nos politiciens ou des preuves médico-légales utilisées par les forces de l’ordre.
La manipulation des images a toujours fait partie des techniques de la propagande. Dans notre époque politiquement polarisée, il devient important de vérifier si une image a été modifiée sciemment pour engendrer une vive réaction chez l’observateur.
La firme Adobe produisant Photoshop a intérêt à démasquer les images falsifiées. Cette entreprise a récemment publié le résultat de recherches basées sur l’intelligence artificielle. Vous retrouverez leur communiqué en cliquant ici.
Il y a trois images réparties sur trois lignes dans le collage qui suit.
- Dans la colonne à l’extrême gauche, il s’agit des images originales.
- Dans la colonne suivante, à droite, les trois images trafiquées sont montrées.
- Dans les troisième et quatrième colonnes, le programme basé sur l’intelligence artificielle a détecté des manipulations à partir du bruit numérique et de frontières inhabituelles entre les objets.
- Dans la cinquième colonne, les manipulations détectées dans les images truquées ont été encadrées en rouge par le logiciel.
La prochaine fois où vous verrez une photographie choquante, il serait bon de garder à l’esprit qu’il est vrai qu’une image vaut effectivement mille mots, mais qu’elle peut aussi parfois mentir.
Richard Gervais
On devrait inviter des personnes du club Photo Évasion pour qu’ils puissent nous faire découvrir comment optimiser nos appareils photo.
Merci pour cet excellent article. En effet, L’auteur d’une photo frelatée peut miser sur le biais de confirmation pour nous induire en erreur.
Merci, Jean-Victor.
Très bonne idée d’article! Traiter de technologie qui dans un cas révèle la véritable image du passé et dans l’autre cas révèle le faux dans l’image.
Merci Richard.
Merci, Sylvain.
Bravo pour votre commentaire…
Article instructive et intéressante.
Merci, Réjean.