Les CD sont-ils éternels ?

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Vous pouvez réagir plus particulièrement au contenu du blogue du Club en envoyant un message aux responsables du CHIP. À partir d’un commentaire reçu récemment, nous nous interrogerons aujourd’hui pour savoir si les CD sont éternels ou non.

1. CD

Les disques compacts, Compact Disc (CD), ont été inventés par Philips en 1979. Ils ont été mis en marché pour la musique par Sony et Philips à la fin de 1982. Ils ont graduellement déplacé les disques microsillons comme support musical. Depuis quelques années, les ventes de musique sur support physique (CD ou vinyles) ont fortement diminué avec la popularité de la diffusion en continu (streaming). Par un retour du balancier, les ventes de vinyles ont maintenant surpassé celles des CD à la fin de 2020 aux États-Unis.

2. CD-ROM, CD-R, DVD et Blu-ray

Les disques compacts servant à stocker des données numériques pour les ordinateurs, Compact Disc Read Only Memory (CD-ROM), ont été développés par Denon en 1982 et mis en marché avec Sony en 1984.

Les disques enregistrables, Compact Disc Recordable (CD-R), sont apparus au début des années 1990. Les disques avec du contenu vidéo, Digital Versatile Disc (DVD), ont été lancés en 1995. Depuis ce temps, d’autres formats pour les films ont suivi, le Blu-ray (BD) en 2006 et le Blu-ray Ultra HD (BD UHD) en 2016.

3. Disparition graduelle des lecteurs de CD dans les ordinateurs

Un disque CD contient de l’ordre de 700 Mo de données alors qu’un DVD peut en loger 4,7 Go et qu’un Blu-ray possède une capacité de 25 Go.  En comparaison avec des disquettes des années 1990, c’était énorme.

Toutefois, il est aujourd’hui possible d’acheter pour environ une vingtaine de dollars une clé USB de 64 Go. Celle-ci peut être écrite et effacée des milliers de fois alors qu’elle ne requiert pas de lecteur optique dédié. Il n’est donc pas surprenant que plusieurs ordinateurs portables ne possèdent plus de lecteurs CD afin d’épargner de l’espace et du poids.

Tenant compte du fait que les lecteurs de CD dans les ordinateurs sont en voie de disparition graduelle, il serait donc prudent de vous procurer un lecteur externe afin de garder accès à votre collection de CD et de DVD.

4. Fonctionnement

Que ce soit pour le stockage de musique, de données pour un ordinateur ou pour des films, tous les disques contiennent une très mince surface d’aluminium comprenant des endroits réfléchissants ou non. La figure suivante montre la surface d’un CD-R. La portion de gauche a été enregistrée alors que celle de droite est encore intacte.

La figure suivante monte une coupe en travers d’un CD-ROM. La surface supérieure comprend l’étiquette identifiant le disque tandis que la partie inférieure est constituée d’un plastique transparent recouvrant l’aluminium. À l’enregistrement, une partie de la couche d’aluminium est modifiée par le faisceau laser en y laissant des creux.

Comme expliqué ici dans Wikipédia :

« Les données du CD-ROM sont lues sur la surface du disque par un laser, les bits de données étant stockés sous forme d’alternance creux/bosses (une alternance équivaut à 1 et une continuité équivaut à 0). »

Comme vous avez pu l’observer dans la première figure, la forme des creux est irrégulière. L’information n’est pas inscrite dans la forme du trou, mais dans la succession des surfaces réfléchissantes ou non comme le montre la seconde figure.

5. La préservation des CD et des DVD

La Grande Bibliothèque est le point de service de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) comprenant des centaines de milliers de documents inscrits sur différents supports physiques. Une page de leur site Web traite de « La préservation des CD et des DVD ». L’extrait suivant est à retenir.

« La durée de vie des CD et des DVD varie de 5 à plus de 100 ans. Cet écart est attribuable aux différences entre les produits des divers fabricants. Pour maximiser leur conservation, on range les disques numériques à la verticale. À l’horizontale, ils risquent de se déformer. On entrepose les CD et les DVD dans une pièce où la température se situe entre 23 °C et 25 °C (sans dépasser 32 °C ni descendre sous -10 °C) et le niveau d’humidité entre 20 % et 50 %. Des fluctuations importantes ainsi qu’une exposition prolongée à la lumière peuvent causer déformations, délaminages et craquelures. »

6. Pérennité des disques compacts

À la lecture du paragraphe précédent, il est nécessaire de conclure que les supports optiques comme les CD et les DVD ne sont pas éternels. Toutefois, dans de bonnes conditions d’utilisation et d’entreposage, ils peuvent nous survivre.

Le maillon faible de la longévité théorique des CD réside dans la disponibilité à long terme des lecteurs compatibles. Vous n’avez qu’à poser la question aux personnes possédant encore des disquettes de 3.5″, 5.25″ ou, même, de 8 pouces.

7. Recommandations

7.1 Protection de vos informations essentielles

Il est important de conserver au moins deux copies de vos informations jugées essentielles.

Que ce soient les données contenues sur votre disque dur ou vos collections de CD et de DVD, il est préférable d’être plus prudent que pas assez.

7.2 Contenus protégés par des droits d’auteur

Qu’il soit question de films, d’oeuvres musicales ou de logiciels, le CIMBCC « pratique et encourage le respect de la propriété intellectuelle. »

Il peut être difficile de réaliser des copies de DVD commerciaux afin de protéger vos originaux. Ce sujet spécialisé ne sera pas examiné dans la suite de cet article.

7.3 Sauvegarde de vos données 

Le système d’exploitation propose la sauvegarde de vos données à partir de l’icône Windows : « Paramètres », « Mise à jour et sécurité », « Sauvegarde ».  Les choix de destination pour vos copies de sauvegarde dépendent alors des périphériques disponibles sur votre ordinateur.

Les fichiers audio et de texte n’utilisent pas un gros volume de données.  Par exemple, de la musique prend 10 Mo par minute d’enregistrement non compressé, mais cela diminue aux environs de 1 Mo/min avec la compression MP3. Par ailleurs, un texte Word typique prend environ 4 kilo-octets par page.

Il en est tout autrement du contenu visuel, notamment pour les photos, mais surtout pour les vidéos. Une heure d’enregistrement vidéo en format 1080p prend 1 Go et cette valeur quadruple en format 4k.

7.4 Copies de sauvegarde

Stockage local

Les copies de sauvegarde peuvent être réalisées localement sur votre poste de travail à l’aide de CD, de DVD, de clés USB ou de disques durs externes. Ces médias amovibles doivent être très bien identifiés pour éviter les erreurs de manipulation.

Il est de bonne pratique de ne pas garder au même endroit votre ordinateur et ses sauvegardes, car un incendie ou un vol peut faire disparaître beaucoup d’informations lors d’un sinistre. Le photographe Jacques Nadeau du Devoir l’a péniblement appris il y a quelques années lorsqu’il s’est fait voler ses disques durs contenant 35 000 de ses images.

Les branchements physiques des périphériques sont en train d’évoluer très rapidement de l’USB de type-A, introduit en 1996, vers le USB-C arrivé en 2014. Par exemple, les appareils Android, les iPad Air 4, les iPad Pro et les MacBook Pro utilisent tous le USB-C. Cette migration inexorable devrait probablement influencer vos futurs achats.

Stockage distant

Une façon d’éviter de perdre de l’information sauvegardée localement, c’est de l’emmagasiner sur des serveurs distants. Il est possible d’obtenir gratuitement de l’espace dans le nuage :

• Dropbox (2 Go);
• Microsoft OneDrive (5 Go);
• Apple iCloud (5 Go);
• Google Drive (15 Go).

Les valeurs entre parenthèses indiquent la limite en gigaoctets au-delà de laquelle il devient nécessaire de payer. Il est évident que ces espaces ne sont pas aussi spacieux qu’on pourrait le croire si vous voulez y loger de nombreuses photos ou des films.

Il faut mentionner que les centres de données hébergeant ce nuage informatique mondial consomment beaucoup d’énergie, 416,2 milliards de kWh (416,2 TWh) en 2016, comme l’explique cet article. Cette consommation double tous les 4 ans.

À titre de comparaison, Hydro-Québec a produit 208,3 TWh pour toute l’année 2019. Il y a donc un impact environnemental non négligeable avec l’utilisation du nuage.

8. Le mot de la fin

Je tiens à remercier Mme Véronique Champagne de nous avoir suggéré le sujet de cette chronique.

Je suis aussi reconnaissant à MM. Michel Gagné et Sylvain Garneau pour leurs commentaires pertinents.

En terminant, M. François Dufour a pris le temps de laisser le message suivant à l’équipe du CIMBCC :

« Merci à tous les responsables et aux bénévoles d’avoir maintenu les activités du club malgré les problèmes actuels ! Nous apprécions autant les présentations hebdomadaires sur Zoom que les ateliers virtuels.

Merci également d’avoir prolongé la durée de la cotisation, nous apprécions tous les efforts pour maintenir vivantes les activités du club ! »

Richard Gervais