La collecte des données et le système de crédit social chinois

mmmmCéline Dion

Depuis l’arrivée de l’ère numérique, lorsque nous utilisons notre moteur de recherche pour trouver un produit ou un sujet d’actualité, le Web se met à nous proposer un peu plus tard des liens vers des sites qui correspondent à nos recherches antérieures. Dans de tels cas, ces suggestions nous sont quand même souvent plus utiles qu’autrement.

Il est toutefois de plus en plus question du contrôle social des citoyens par l’état au moyen de leurs données numériques. Loin d’être une théorie du complot, ce système est déjà bien implanté à certains endroits sur la planète. Il ne s’agit plus de simples suggestions d’achat.

C’est ce que produisent les fameux algorithmes. Avouons-le, ils sont souvent avantageux puisque, après tout, si je cherche un imperméable pour mon chien, j’aime bien que les algorithmes trouvent des sites qui correspondent à mes recherches et me les proposent.

Par exemple, vous venez d’acheter un produit sur Amazon ou Kijiji, et étrangement, vous recevez une publicité similaire sur votre fil d’actualités Facebook.  Coïncidence?  Bien sûr que non!

De la même manière, c’est au moyen de systèmes d’annotations, largement utilisés par les émetteurs de carte de crédit, que les citoyens se font attribuer une cote de crédit. Cette collecte de données permet à ces firmes d’obtenir un portrait précis de notre profil d’épargnant et de consommateur.

La Chine, sans surprise aucune, a déjà mis en place son système de « crédit social » (score-crédit) qui, au moment d’écrire cette chronique est soit déjà obligatoire, soit en voit de le devenir. Nous sommes ici beaucoup plus loin qu’avec les publicités de Google.

Ce système collecte ses données au moyen de l’application de cote de crédit Sesame Credit,  propriété de l‘Amazon chinois Alibaba. Il a pour but d’inciter les utilisateurs à devenir de « bons citoyens » en leur accordant des privilèges financiers et sociaux en fonction de leur profil socionumérique. Ceci inclut, par exemple, vos passe-temps, vos contacts, ou encore, les sites Web que vous visitez et surtout, les commentaires que vous laissez sur le Web. Cette technique s’appelle la « ludification », de l’anglais « gamification« .

Par exemple, si vous vous intéressez aux événements survenus en 1989 à la Place Tian’anmen, vous baisserez votre score-crédit. Si, au contraire, vos contacts sont favorables au gouvernement, votre score-crédit va augmenter.

Voici quelques exemples de récompenses accordées au « bon citoyen » : transport VIP à l’aéroport, priorité pour les soins médicaux,  droit d’inscrire ses enfants dans une meilleure école, etc.  N’est-ce pas génial comme appât marketing de contrôle social?

Je termine en vous proposant de lire cette chronique du journal Le Devoir, sur le crédit social en Chine.

Céline Dion


Note de l’éditeur

Il ne faut pas confondre la notion du crédit social mentionné dans cet article avec le parti Crédit social du Canada. Au Québec, le ténor du Ralliement des créditistes a été Réal Caouette (1917-1976). Ce parti est disparu en 1993.

R. Gervais

6 réflexions sur « La collecte des données et le système de crédit social chinois »

  1. Bonjour
    En mars 2020, au début du confinement, le premier ministre Legault dévoilait que selon Google, c’était au Québec que les regroupements publics de personnes étaient le mieux respecté parmi tous les états en Amérique du Nord.
    Donc Google suit les déplacements de la population et cela ne semble pas avoir été remarqué par les médias. Quelles autres activités sont effectuées par Google sans que la population en soit informée ?
    Il ne faut pas oublier que Google et les autres entreprises semblables ( Facebook, Twitter Apple, etc.) sont très proches des organismes du gouvernement américain comme l’a révélé Edward Snowden.
    On peut s’intéresser à ce qui se passe en Chine, mais il faudrait aussi être très attentif à ce qui se passe chez nous.

    1. Très bon point Simon. merci de ton commentaire. Les États-Unis et la Chine ont un but commun: le contrôle de la planète.

  2. Très intéressant! Bravo! Pour l’avoir constaté de visu, la situation chinoise n’est pas un « fakenews ». Ce contrôle va bien plus loin que l’Internet. Des milliards de caméra scrutent le royaume. Pour avoir communiqué sur place avec certains chinois, ils sont très majoritairement d’accord avec ces méthodes (je ne suis pas allé à Hong Kong).

    L’histoire médiévale et nous informent que le plus grand souci des chinois était leur propre sécurité. Alors pas étonnant que la sécurité soit assumée par l’état. Ce qui n’est pas correct à nos yeux. Autre pays, autre histoire, autres moeurs …

    1. Bonne réflexion Pierre. En effet, autres moeurs, autres perspectives.
      Au début de la pandémie, les médias disaient que Pékin avait demandé à ses ressortissants chinois de mettre la main sur tout équipement de protection qu’ils pouvaient acheter, afin de les expédier à leur compatriotes en Chine. Dans un e-livre que je viens de terminer (Wuhan, ville close), la version de l’auteure est que par entraide et solidarité, les ressortissants chinois ont expédié en Chine… Cet événement est donc vu comme une charité envers les compatriotes. D’ailleurs, en passant, les chinois, du moins à Wuhan, n’ont reçu à peu près aucune aide de l’état durant leur confinement très strict. Ils dépendaient de dons et de bénévoles. Même les tests PCR étaient facturés si les citoyens admis à l’hôpital étaient négatifs.

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