La guerre en Ukraine pourrait avoir des répercussions informatiques

mmnRichard Gervais

L’année 2022 semblait pourtant prometteuse, mais dès février, elle avait déjà trois prises contre elle. Il reste maintenant à savoir quel sera le résultat des manches suivantes dans cet affrontement qui, espérons-le, ne deviendra pas nucléaire.

  1. En commençant l’année, nous mesurions au Québec d’excellents taux de double vaccination contre la COVID-19 et il était possible d’entrevoir à court terme une sortie de pandémie. Toutefois, le très contagieux variant Omicron est devenu dominant. Il a donc fallu proposer au début de 2022 une dose de rappel à la population.
  2. Entretemps, les frustrations d’une frange opposée aux mesures sanitaires se sont cristallisées dans un « convoi de la liberté » qui a assiégé la Colline du Parlement à Ottawa de la fin janvier jusqu’au 20 février 2022.
  3. Le 24 février, Vladimir Poutine ordonne l’invasion militaire de l’Ukraine. L’Occident a fait front commun contre la Russie et le dictateur a ouvertement brandi la menace nucléaire. Cette guerre menée par la Russie pourrait avoir des impacts sur nos systèmes informatiques.

Cet article fera tout d’abord un bref survol de l’histoire de l’Ukraine. Ensuite, il sera question d’un logiciel d’origine russe bien connu, Kaspersky Anti-Virus. En terminant, nous vous présenterons une compilation de séquences vidéo préparée par le réputé Luc Bergeron montrant le contraste avant et après cet assaut injustifiable contre l’Ukraine.


Une brève histoire de l’Ukraine

L’histoire de l’Ukraine n’est pas de tout repos, comme l’explique la référence suivante :

« Grâce à ses terres abondantes et fertiles ainsi qu’à son climat tempéré, l’Ukraine était considérée comme le grenier de l’Europe. Cette richesse naturelle manque toutefois de frontières naturelles et, tout au long de son histoire, l’Ukraine a été une proie facile pour les puissances étrangères qui l’ont envahie de toutes les directions. (…) Le territoire ukrainien a donc été assujetti aux pays voisins, surtout la Russie, la Pologne et l’Autriche. »

Un paysage d’Ukraine

Au dix-neuvième siècle, c’est l’Empire russe qui domine la région. Ce n’est qu’en 1861 que le servage y est aboli. Les premiers Ukrainiens commencent à immigrer au Canada dans les années 1890 et plusieurs s’installent dans les prairies canadiennes dont la géographie rappelle leur pays natal.

La domination tsariste de Saint-Pétersbourg s’écroule lors de la révolution russe de 1917 permettant à l’Ukraine de devenir brièvement une république jusqu’en 1921. Toutefois, les bolchéviques s’imposent en URSS où l’Ukraine est absorbée à la suite de la Guerre civile  russe qui se termine en 1923.

Le joug communiste s’abat sur les paysans ukrainiens. En 1932-1933, une famine artificielle est créée par la collectivisation imposée par Staline. Cet épisode appelé Holodomor aurait fait entre 2,6 et 5 millions de morts en Ukraine.

Carte de l’Ukraine – cliquez sur la carte pour l’agrandir

Après l’éclatement de l’URSS en 1991, l’Ukraine se déclare république indépendante. En 1999, Vladimir Poutine arrive au pouvoir en Russie. La Crimée, péninsule australe de l’Ukraine donnant sur la mer Noire, fait sécession en 2014 et s’associe avec la Russie. Une guerre civile fait rage depuis ce temps dans le Donbass, territoire ukrainien voisin de la Russie.

Le 24 février 2022, Poutine choisit d’envahir l’Ukraine en espérant une victoire rapide et écrasante. Il est donc possible de constater que la cohabitation entre l’Ukraine et la Russie est litigieuse depuis fort longtemps.

Les réactions internationales face à l’agression russe en Ukraine ont été majoritairement défavorables. De nombreuses mesures ont été appliquées à l’encontre de la Russie, notamment par le Canada avec des sanctions économiques.

Devant des gestes jugés hostiles par la Russie, il n’est pas surprenant de s’attendre à ce que des actions malveillantes soient éventuellement posées contre l’Occident, rétorsions possibles sur le front informatique, par exemple.


L’antivirus Kaspersky

La firme Kaspersky a été fondée en Russie en 1997 et son siège social est à Moscou. Elle met en marché Kaspersky Anti-Virus ainsi que d’autres outils de sécurité qui ont été favorablement examinés dans un article sur le site Web de FrancoisCharron.com.

« Kaspersky Lab offre une solution de protection en mesure de nous protéger contre les virus, les malwares, les logiciels espions, les rançongiciels, les sites web dangereux et toutes les menaces informatiques qu’on connait.
(…)
L’agence indépendante mondialement reconnue AV-Test [a fait des tests et] l’antivirus de Kaspersky a été en mesure de détecter 100% des logiciels malveillants les plus répandus. »

Toutefois, peut-on se fier à un logiciel produit par un pays contre lequel le Canada impose des sanctions sévères ?

Les opinions au sujet de Kaspersky

Dans un article du 3 mars 2022 intitulé C’est peut-être le bon moment de lâcher Kaspersky pour un autre antivirus, le site numerama.com publiait ceci :

« L’organisme français chargé de la cyberdéfense du pays invite à réfléchir sur l’usage à long terme de l’antivirus Kaspersky, non pas à cause d’un risque de coup fourré de l’éditeur russe, mais parce que les mises à jour pourraient cesser dans un contexte de sanctions croisées. »

Cette opinion a été reprise par Futura-Sciences dans un texte du 5 mars 2022, Kaspersky, l’antivirus russe qu’il va falloir éviter.

Dans l’article Pourquoi je n’utilise pas l’antivirus Kaspersky, la revue L’actualité publiait le 17 mars 2022 :

« L’Allemagne n’est pas le premier pays à mettre sa population en garde contre Kaspersky. Les États-Unis ont par exemple interdit à leurs agences gouvernementales, en 2017, de se servir de ses produits. Le Royaume-Uni leur a emboité le pas quelque temps plus tard. Dans un rapport publié après le début de l’invasion russe en Ukraine, la France a aussi remis en question l’utilisation de l’antivirus, sans pour autant le bannir. Aucun avertissement du genre n’a toutefois été émis au Canada. »

Toujours selon la même référence :

« Rien n’indique que Kaspersky ait de mauvaises intentions. Aucune preuve ne démontre que l’entreprise est à la solde de Moscou (…). Mais Kaspersky peut bien montrer patte blanche et faire tous les efforts du monde pour soigner sa réputation, le fait est que son siège social est en Russie, un pays dirigé par un président qui ne témoigne pas du plus grand des respects pour les règles. Que ce soit justifié ou non, il est impossible pour moi d’avoir totalement confiance. »

Neutralité commerciale du CIMBCC

Sous l’onglet À propos de ce site Web, il est possible de trouver la politique suivante :

« Le Club informatique Mont-Bruno observe une neutralité politique et religieuse ainsi qu’une neutralité commerciale dans les domaines de l’informatique et des communications. »

Il n’est pas du mandat du CIMBCC de s’ingérer dans les affaires internationales ou dans l’évaluation du risque de sécurité encouru par l’utilisation d’un logiciel commercial. Toutefois, il est normal de signaler à nos membres et à nos lecteurs un risque à l’intégrité de leurs données informatiques.

La décision vous revient

Vous avez reçu dans cet article de l’information et des opinions pertinentes. Si vous utilisez des produits Kaspersky, la décision de les supprimer ou non de votre ordinateur repose uniquement sur vos épaules. Si vous choisissez de les supprimer, des instructions pour le faire se trouvent ici.

Il est possible de considérer Windows Defender comme solution de remplacement permanent ou temporaire au logiciel Kaspersky Anti-Virus.


Beauté et laideur en Ukraine

Luc Bergeron, Zapatou sur YouTube, est un monteur vidéo québécois dont le travail exemplaire a été mentionné à plusieurs reprises sur ce blogue.

Dans la séquence vidéo suivante de 4 minutes 38 secondes, Zapatou montre le contraste entre la grande laideur déferlant depuis février 2022 sur l’Ukraine et les belles séquences captées avant cette guerre imposée par Poutine.


En terminant

Je tiens à remercier M. Yvon Paré qui m’a fourni le sujet de cet article. Je suis reconnaissant à Mme Sylvie Mazur ainsi que MM. Réjean Côté, Michel Gagné et Sylvain Garneau pour leur relecture de cet article avant sa publication. M. Garneau a fait de nombreuses suggestions qui ont été incorporées dans le texte actuel.

Richard Gervais

8 réflexions sur « La guerre en Ukraine pourrait avoir des répercussions informatiques »

  1. Très enrichissant ce Chip. Merci Richard et Merci à toutes les personnes qui ont participé à son élaboration.

  2. En effet, merci bien pour cet article fort intéressant, monsieur Richard! Comme plusieurs, sans doute, ai pu visiter cette magnifique Ville qu’est Saint-Pétersbourg (avec son musée exceptionnellement beau – l’Héritage!), mais suis aussi aller en Moldavie. Cette fois, en tant que bénévole et prés. du CA de l’ONG SACO/CESO. Nous envoyions des bénévoles canadiens en Moldavie suite à la dissolution de l’URSS (1991) pour les aider à rebâtir leur pays. Ils avaient toujours eu « les fonctionnaires » de l’URSS pour tout faire, tout contrôler et maintenant, ils étaient seuls à devoir se « reconstruire » et devenir économiquement indépendant, stable. Tous ces souvenirs me reviennent en vous lisant. Merci!

  3. Félicitations Richard pour cet article et merci à vos collaborateurs. Cette situation me préoccupe énormément.

  4. La première victime de la guerre, c’est la vérité.

    De nos jours, c’est par l’entremise des images vidéo que la propagande passe le mieux. Le réseau de télévision France 24 a produit un site qui pourrait vous aider à y voir plus clair. -> https://www.france24.com/fr/stop-infox

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