L’analyse d’une fausse nouvelle

mmmMichel Gagné

Nous nous plaignons souvent des fausses nouvelles sur Twitter, Facebook et les autres applications Internet.

Malheureusement, nous sommes complices dans la circulation de ces fausses nouvelles.

En voici un exemple.

En janvier 2020, un ami a partagé le message suivant sur Facebook.

Le titre qui coiffe le texte semble indiquer que l’information vient du site de TVA Nouvelles. Le texte indique qu’il faut craindre l’application Talking Angela parce qu’elle aurait été développée par des pédophiles et qu’elle permet à des pédophiles de recueillir des informations sur des victimes potentielles. Évidemment, l’alerte se termine par une demande de partage.

Étant critique de ce que je vois sur Internet, je me doutais qu’il s’agissait d’un canular. J’ai donc fait une recherche Google avec les mots « TVA Nouvelles Talking Angela » pour vérifier la source de l’information. J’ai trouvé l’article de TVA Nouvelles qui parlait de Talking Angela. Il s’agit d’un article du 24 février 2014 (Oui!, vous avez bien lu, c’est 2014!). L’article contient l’alerte précédente et poursuit en disant que cette alerte est un canular. Vous pouvez lire l’article de TVA Nouvelles en cliquant ici.

La personne qui a affiché le message original sur Facebook a dénaturé l’article en ne conservant que l’alerte sans indiquer qu’il s’agit d’un canular… et des gens partagent cette alerte sur Facebook depuis 2014! L’ami qui m’a envoyé l’alerte est une des centaines de milliers de personnes qui ont propagé une fausse information!

Ça vous donne une idée de la valeur des nouvelles partagées sur Facebook et sur les autres réseaux sociaux.

Voici ce que cette situation nous apprend :

  1. Facebook (et les autres réseaux sociaux) font bien peu d’efforts pour arrêter les fausses nouvelles. Il leur serait facile de mettre en place un système de dénonciation des fausses nouvelles et de bloquer les fausses nouvelles dénoncées pour qu’elles ne circulent pas durant des années. Ils ne le font pas parce que cela réduirait leurs revenus en réduisant le temps que les gens passent sur les réseaux sociaux.
  2. Les gens (c’est-à-dire nos amis sur les réseaux sociaux) sont très peu critiques de ce qu’ils voient. Ils croient et partagent fréquemment de fausses nouvelles.
  3. Des personnes malintentionnées profitent du laxisme des réseaux sociaux et de la naïveté des gens pour produire intentionnellement de fausses nouvelles en sachant que ces fausses nouvelles circuleront et influenceront des personnes durant des années.

Que devions-nous faire devant ce constat? Voici ce que les experts suggèrent :

  1. Ne perdez pas votre temps à lire les nouvelles que les gens partagent sur Facebook ou sur les autres réseaux sociaux. Une très grande portion de ces informations est fausse.
  2. Consacrez plutôt 30, 45 ou 60 minutes par jour à lire ou écouter des nouvelles sur des sources fiables comme La Presse, Le Journal de Montréal, Radio-Canada ou TVA, en vous branchant directement à ces sources et non en lisant des messages qui prétendent provenir d’une source fiable.
  3. Si vous lisez tout de même des nouvelles sur des réseaux sociaux, vérifiez toujours, toujours, toujours, toujours, toujours les nouvelles comme je l’ai fait en vous rendant sur la source de la nouvelle. Oui, ça prend du temps, mais c’est la seule façon de ne pas naïvement croire des faussetés.
  4. Ne partagez jamais, jamais, jamais, jamais, jamais une nouvelle sans l’avoir vérifiée. Si vous partagez une nouvelle sans la vérifier, vous n’informez pas vos amis, vous les trompez. Et n’oubliez pas que la majorité des nouvelles surprenantes ou choquantes que vous avez le goût de partager sont fausses.

Je ne condamne pas Facebook. Je suis inscrit à Facebook et je trouve que c’est un outil formidable pour obtenir des nouvelles de mes enfants, de mes neveux et de mes amis. C’est aussi un bon outil pour découvrir des recettes ou des histoires amusantes. Mais ce n’est pas un endroit pour acquérir des connaissances ou pour s’informer.

Michel Gagné

Note de l’éditeur

Veuillez noter qu’une présentation de Guy Bélanger au sujet des fausses nouvelles sera présentée le 12 février 2020 dans le cadre de la série Facile.

10 réflexions sur « L’analyse d’une fausse nouvelle »

  1. Comme je l’ai déjà mentionné, ces partages permettent ensuite à leurs auteurs d’éliminer la nouvelle et de conserver le nombre de partages et de likes qu’il vendent à une autre personne qui veut diffuser sur Facebook et s’acheter une crédibilité en y ajoutant des milliers de partages et de likes qui étaient destinés à la première nouvelle.

  2. Merci Michel, j’appui à 100% tes propos et recommandations. J’ajouterais à cela que tout partage ou diffusion d’un message erronée, superflus, desinformationnel, etc. ne fait qu’encombrer les réseaux internet et surchauffe leurs serveurs qui consomment des millions de kwh pour les refroidir. Alors, quant on se croix être une personne pro-environnemental, réfléchissez bien à ce geste de partage inutile!

  3. Oui effectivement Michel, ça va jusqu’à des alertes de personnes disparues depuis plusieurs années et dont l’information n’est réellement plus du tout pertinente

    1. Tellement vrai. Je commence d’ailleurs à être fatigué de signaler à mes contacts qui partagent ces fausses nouvelles flagrantes, la plupart du temps, que ce ne sont de fausses informations.

  4. Merci pour cet article! Il me permettra de montrer de façon concrète ce que je répète concernant l’info sur les réseaux sociaux.

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