LE BÉNÉ-VOLONTARIAT ET LA RETRAITE
Le CHIP nous offre une nouvelle catégorie d’articles susceptible de susciter réactions et commentaires lorsque notre blogue sera interactif. La nouvelle catégorie « RÉFLEXIONS » explore le champ d’intérêt qui est le nôtre, l’informatique, mais s’ouvre aussi à des à-côtés pertinents. Ainsi, le CIMBCC ne doit son existence florissante qu’à l’engagement de « volontaires »; alors, nous commençons nos « RÉFLEXIONS » par un article sur le bénévolat.
LE BÉNÉ-VOLONTARIAT ET LA RETRAITE est présenté en quatre mouvements, le nombre de mots par article étant soumis à notre intérêt et notre disponibilité pour nous y arrêter. Les quatre mouvements seront publiés à intervalles de deux semaines. Dans un premier temps, nous interrogeons L’INJONCTION SOCIALE nous intimant l’engagement volontaire; n’est-ce pas là une contradiction patente? Pourrait-on exiger de quelqu’un qu’il soit spontané?
Un deuxième mouvement explore la dimension ESPACE/TEMPS dans laquelle notre corps autant que notre esprit lévitent dans un bonheur qui frôle l’euphorie tout en côtoyant de très près une anxiété dévorante. Du moins, dans les premiers moments de la retraite.
Puis nous nous penchons sur LA DÉFINITION DU BÉNÉVOLAT et ses pièges insidieux. Nous situons alors LA MOTIVATION INTRINSÈQUE comme le moteur principal de notre engagement; mais encore faut-il savoir l’identifier.
Finalement, nous jetons un coup d’œil intéressé à ce CIMBCC qui confond le « dernier des sceptiques » quant à l’efficacité d’un béné-volontariat souple, allégé et passionnant. Et nous terminons notre réflexion en soulevant quelques questions susceptibles d’attiser les passions.
UN APPEL À TOUS : Ne vous permettez pas plus de deux secondes d’hésitation si vous sentez l’impulsion d’explorer une voie qui saurait nous intéresser : vite à vos claviers! Nous vous aiderons même à peaufiner votre article, si vous en sentez le désir ou la nécessité. Et si pour vous la page blanche s’obstine à rester blanche, offrez-nous vos pistes de réflexion ou le résultat de vos recherches en hyperliens et nous en écrirons la synthèse, volontiers, afin d’offrir à tous les membres du club des « RÉFLEXIONS » variées et documentées.
Premier mouvement : L’INJONCTION SOCIALE
« Tu dois rendre à la société ce qu’elle t’a offert » est l’injonction la plus courante de la rectitude politique à l’égard des nouveaux retraités et je n’y ai pas échappé. Mais ce à quoi j’ai échappé, par contre, c’est au sous-entendu (bassement exprimé) de la culpabilité qui y est présente si nous ne sentons pas en nous l’impulsion créatrice d’un quelconque engagement. Du moins, dans les premiers moments où nous sommes à savourer le plus précieux bien de la retraite, le TEMPS. Il est enfin à nous et sans limite autre que celle que nous consentirons à lui « poser » et non plus à lui « imposer ». Il est enfin à nous, VIDE de sens, et pour la première fois de notre vie (du moins, dans les premiers moments) l’anxiété dévorante de l’absence de sens n’y surgit pas dans ce vide presque délectable!
Mais rendre quoi et qu’est-ce qui m’a été offert? Spontanément, nous cherchons où se cache le « cadeau grec » dans nos 40 et quelques années de labeur qui fait qu’aujourd’hui nous devenons, par décret social, « redevables ». Nos chemins sont différents et le point d’arrivée à la retraite d’autant. Certains y arrivent un peu plus essoufflés que d’autres, mais aucun n’y échappe : rendez ce qui est dû…
Il y a ceux qui ont quelques années de scolarité difficilement complétées pour des raisons bien légitimes : un milieu familial peu propice à un parcours éducationnel élaboré et exigeant une participation alimentaire à la survie du clan; une absence totale de motivation à participer à l’apprentissage encadré et inadéquat qu’offrait le milieu scolaire de l’époque (il est bon ici de le préciser, car quelques années de différence en âge appellent une époque différente étant donné la vitesse de croisière des réformes scolaires au Québec); des capacités manuelles ou intellectuelles mal dirigées sclérosant du coup l’exploitation du potentiel et l’anéantissement de tout intérêt.
Puis d’autres affichent des années fabuleuses dans les sentiers des savoirs les plus sophistiqués qui mènent à encadrer avec une grande fierté le parchemin de la réussite « cum laude » du doctorat si longtemps convoité. Et voilà que les routes s’offraient multiples et diversifiées où le stress n’avait d’égal que la curiosité, l’inventivité, la responsabilité qui y étaient sollicitées.
Entre ces deux parcours, de nombreux autres, le vôtre, le mien proportionnellement rémunérés donc aussi proportionnellement imposés par un État que l’on a souhaité « providence ». Mais la providence a un prix et nous constations que le rythme de vie lié à notre revenu, si raisonnable fut-il, le rythme de vie on s’entend, ralentissait « de plus en plus vite ». Et les revenus de la retraite, de quelques sources qu’ils soient, sont directement proportionnels à ce qui a été. Nous avons donc intérêt à ne pas quitter le champ du raisonnable.
Que nous a donc offert cette société qui ne nous a pas été (et qui ne l’est pas encore)imposé, taxé, surtaxé dans les moindres détails du concept rentable de l’utilisateur-payeur? Que nous a-t-elle offert que nous devions lui rendre?
L’injonction se formule sans argumentation aucune susceptible de fournir l’ombre subtile d’une justification. Tantôt par un « jeune » travailleur qui garde précieusement pour lui les miettes de temps précieux qui lui restent et qui nous sert le cliché sans avoir pris le temps de l’acculer à la critique; tantôt par un « vieux » retraité qui a succombé à la culpabilité sous-jacente à l’injonction sans avoir pris le temps d’y regarder d’un peu plus près. Pourquoi sommes-nous si nombreux à nous découvrir une attirance pour l’aquarelle ou pour l’ébénisterie ou pour le jardinage ou pour le chemin de Compostelle ou pour le béné-volontariat au moment de la retraite? Si ce n’est que l’agent social y veille pour nous. Aucun choix n’est mauvais; tous sont bons. N’enquêtons pas plus loin sur l’agitation frénétique qui envahit nos vies, car nous ne sommes pas plus avancés qu’avant et nous n’avons plus de temps à perdre.
À suivre…