
À la naissance de l’informatique, outre les besoins militaires, scientifiques, universitaires et gouvernementaux, ce nouvel outil se devait de trouver une voie commerciale. La question est donc la suivante; comment rendre l’informatique indispensable aux entreprises ?
À cette question, deux secteurs névralgiques de toute entreprise se dégagent, soit d’un côté, les aspects qui entourent les finances, puis, de l’autre, la gestion des inventaires, des clients et des employés. Il devient donc normal de voir naître d’une part les logiciels de comptabilité et tableurs, de l’autre les bases de données (BD).
Dans cette première partie, nous allons brièvement expliquer ce qu’est une base de données, puis nous allons dresser un court historique ainsi que les premiers types de BD à exister.
Qu’est-ce qu’une base de données ?
Une base de données est une manière de structurer de l’information de façon à pouvoir la conserver, la consulter, la modifier et l’enrichir au besoin. Cette information est structurée dans ce que nous appelons des tables. Ces tables sont reliées entre elles afin de retrouver de multiples informations pour un même élément. Par exemple, un client peut recevoir une facture mensuelle. Ici, il y a donc un rapport d’un à multiples, soit plusieurs factures pour un même client.
Toutes ces informations sont conservées dans un ou plusieurs fichiers qui constituent la base de données. Un système de gestion de bases de données (SGBD) est le type de logiciel utilisé pour gérer ces informations.

Des bases de données avant l’informatique
Nous avons tendance à croire que le concept même de conservation et de structuration de données est né avec l’informatique. Or, nous oublions que ce travail était effectué manuellement auparavant, que ce soit le classement des livres à la bibliothèque, la tenue de dossiers médicaux chez votre médecin ou encore la collecte d’informations des diverses officines gouvernementales.
Petit historique de la base de données hiérarchique
Le terme anglais « database » (base de données ou BD) serait apparu en 1964 afin de désigner un système de partage de données entre utilisateurs militaires.
Toutefois, les premières bases de données de type hiérarchiques ont été développées dans les laboratoires d’IBM au milieu des années 1960. Ce type de BD porte bien son nom puisqu’il fonctionne sous forme d’une hiérarchie, comme un organigramme d’entreprise.

Il faut dire qu’à l’époque, les données étaient sauvegardées sur bande magnétique. Ce système rendait très difficile toute interrogation et mise à jour en temps réel, celles-ci s’effectuant en fin de journée où la BD complète était réécrite avec les mises à jour sur la bande magnétique. De par leur conception et le support de sauvegarde, il est inutile de dire que celles-ci ont rapidement montré leurs limites sur des structures de données complexes.
Tout cela a changé avec l’arrivée des premiers disques durs permettant une interaction et une rapidité sans précédent.
Naissance des bases de données relationnelles
Grâce à la recherche et aux avancées technologiques, les BD hiérarchiques ont été supplantées par les bases de données de type relationnelles au début des années 1970.
Développées par l’informaticien britannique Edgar Frank Codd, alors chez IBM, ces BD sont devenues les plus utilisées jusqu’à nos jours.

Des exemples d’utilisation de bases de données relationnelles
Pour en revenir aux bases de données relationnelles, pensez à la gestion des employés d’une entreprise; les salaires, les heures effectuées, les vacances accumulées, le temps supplémentaire effectué, les congés de maladie, les années de service, etc. Avant la venue de l’informatique et de ses logiciels, tout ce travail était effectué manuellement par une équipe plus ou moins volumineuse en fonction de la taille de l’entreprise. De nos jours, tous ces processus sont informatisés, ce qui a réduit grandement le besoin en ressources humaines.
Un autre exemple; pensez à la gestion des clients d’Hydro-Québec. Sans informatique ni bases de données, la gestion de tous les clients particuliers et entreprises serait tout simplement titanesque et requerrait un régiment complet d’employés.
Une image vaut mille mots
Pour comprendre comment cela fonctionne, nous allons débuter avec un diagramme de type entité-association (anciennement entité-relation DER) très simplifié d’une BD de client. Ce type de diagramme est utilisé afin de décrire à haut niveau le modèle conceptuel de données.
En gros, voici ce à quoi cela pourrait ressembler. Notez qu’il y a plusieurs façons de faire, mais l’idée est de garder l’exemple au plus simple pour bien comprendre les choses.

Ici, nous pouvons voir que notre BD est composée de trois tables; Client, Facture et Produit, chacune contenant un certain nombre d’informations pertinentes. La mention 1:n indique qu’il s’agit d’une relation 1 à multiples, c’est-à-dire qu’un client peut avoir plusieurs factures et chaque facture peut contenir plusieurs produits.
Les requêtes pour obtenir de l’information s’effectuent à l’aide du langage SQL (Structured Query Language). Comme les BD relationnelles sont très répandues, le langage SQL est le plus connu pour répondre aux requêtes d’information.
Le langage SQL
Le SQL est un langage permettant d’exploiter les données d’une BD relationnelle. Ce sigle signifie Structured Query Language (langage de requête structuré). Celui-ci permet d’interroger, d’ajouter, de modifier ou de supprimer des données.
Ce langage a été créé en 1974, mais il fallut attendre 1986 pour sa normalisation. Toutefois, la valeur n’attend pas le nombre des années et le SQL est reconnu par tous les fabricants de SGBD relationnel.
Bref, les BD relationnelles et le langage SQL sont indissociables l’un de l’autre. Nous verrons plus loin la dissociation des nouveaux paradigmes par rapport à cette association.
La courte histoire des bases de données orientées objet
Je me permets ici de faire mention d’un paradigme de BD qui a vu le jour publiquement au milieu des années 80 et qui accompagnait la montée de la programmation orientée objet fortement utilisée par les développeurs d’applications pour un environnement graphique comme Windows, par exemple.
Les BD orientées objet, ou plus simplement BD objet, s’avéraient complexe à implémenter. Le niveau d’abstraction était assez élevé. De plus, à l’époque de sa sortie, ce nouveau paradigme s’est buté au paradigme relationnel déjà bien implanté en entreprise.
Par ailleurs, Internet n’étant pas encore dans le décor, le besoin était difficile à justifier, mis à part quelques cas particuliers. De ce fait, les entreprises ne voyaient pas du tout l’avantage d’investir substantiellement pour convertir des données d’un système relationnel qui fonctionnait déjà très bien. Bref, les BD objets purs n’ont jamais pris leur envol, mais existent toujours aujourd’hui. Il faut également noter qu’elles ont influencé les BD relationnelles des grands fabricants, comme Oracle, IBM, Informix ou Microsoft.
J’ai personnellement eu à travailler sur un projet impliquant une BD objet nommée CA-Fujitsu Jasmine, en 1999 pour le compte de la Sûreté du Québec (SQ). Sans entrer dans les détails, je peux vous dire que ce type de BD était parfaitement approprié aux besoins en matière criminelle requis par la SQ. Toutefois, j’avoue qu’à l’époque j’ai eu beaucoup de difficultés à saisir les tenants et aboutissants de ce paradigme. J’ai dû avoir recours à une aide sous forme d’un spécialiste venu du bureau de Computer Associates (CA) de Toronto pour m’assister dans la conception de cette BD. Je n’ai jamais vu le résultat final, car j’ai quitté la SQ avant la fin du projet. Néanmoins, cette expérience fut enrichissante.
Le présent des bases de données
Dans la seconde partie de cette série, nous ferons le tour des nouveaux paradigmes de bases de données, souvent affublées du terme « NoSQL ». En fait, ce terme englobe tout type de BD qui s’éloigne du paradigme relationnel et SQL que nous avons vus plus haut dans cet article. Nous allons examiner cela de plus près pour découvrir à quels besoins ils répondent.
Avec l’arrivée de l’Internet, des réseaux sociaux et du « big data » (mégadonnées), nous verrons que ces disciplines ont suscité de nouveaux besoins. Il a donc fallu repenser, puis créer de nouvelles façons de gérer ces données de masse. Ceci sera couvert dans un second et dernier volet.
Informatique vôtre,
Daniel Vinet
Tout d’abord, Bravo pour cet article! Je connais bien le langage SQL et les bases de données relationnelles. J’ai travaillé sur plusieurs d’entre elles et j’en ai même créé quelques unes. Cependant, je suis bien curieux de lire le prochain article car je n’ai jamais eu, jusqu’à présent, a interagir avec une BD NoSQL et je me demande bien comment elles fonctionnent. Je sais que je ne serai pas déçu.
Dernier ajout à propos toujours avec notre cher CoPilot ! De l’information plus générale.
Quelle est la différence entre banque de données et base de données ?
La différence principale entre une banque de données et une base de données réside dans leur portée et leur utilisation.
• Base de données : Une base de données est un ensemble structuré de données généralement organisées autour d’un thème ou d’une application spécifique (exemple : gestion des clients, inventaire d’un magasin, etc.). Ces données sont souvent manipulées avec un logiciel de gestion de bases de données (SGBD) comme MySQL ou Oracle. Elle est généralement utilisée par une application ou un système précis.
• Banque de données : Une banque de données, par contre, est un terme plus large qui désigne une collection de plusieurs bases de données ou d’informations regroupées, parfois issues de différentes sources. Elle est utilisée pour des analyses complexes ou pour fournir un accès plus global à un grand volume d’informations.
En résumé, la base de données est une structure spécifique et bien définie, tandis que la banque de données englobe plusieurs structures pour un usage plus diversifié ou généralisé.
Bravo Daniel ! Excellent
Ceci m’a donné l’idée de poser une question à CoPilot et tout va dans le sens que tu expliques.
Comment Hydro-Québec gérait la facturation de ses clients dans les années 60 et quand l’informatique moderne fut appliquée avec les databases ?
Dans les années 1960, Hydro-Québec gérait la facturation de ses clients principalement à l’aide de processus manuels. Les données des clients étaient enregistrées sur papier, et les calculs pour les factures étaient effectués par des employés. Les factures étaient ensuite imprimées et envoyées par courrier postal, et les paiements se faisaient souvent en personne ou par chèque.
L’informatique moderne a commencé à transformer ces processus dans les années 1970 et 1980, avec l’introduction des premiers systèmes informatiques.
Hydro-Québec a adopté les bases de données relationnelles dans les années 1980 pour améliorer la gestion des comptes clients, la facturation et la planification énergétique. Ces systèmes ont permis une automatisation accrue, une meilleure précision et une gestion plus efficace des données.
Toujours aussi intéressant comme article Daniel, car on en apprend toujours un peu plus en informatique.
Bonjour Réjean et merci pour ton commentaire, j’apprécie toujours. J’ai grand plaisir à renseigner nos membres sur les divers aspects de l’informatique.
Wow Daniel, beaucoup de transmissions de culture informatique! J’ai hâte de lire la suite.
J’en profite pour faire savoir que le responsable de la BD du CIMBCC, Michel Paul, a beaucoup, beaucoup amélioré l’automatisation de cette BD depuis qu’il en est le responsable. Je suis son assistante à cette tâche, et j’applaudis particulièrement sa mise en réseau intranet de la BD, de telle sorte que nous pouvons travailler tous les 3 (équipe du registre des membres) simultanément sur la BD.
L’époque où nous devions communiquer entre nous pour savoir qui était dans la BD est enfin révolue!
Merci pour ton commentaire, Céline, j’apprécie. Effectivement, Michel est un membre précieux et ses connaissances ont assurément permis d’améliorer le fonctionnement du club au fil des années.
Wow tout un texte . Je viens d’apprendre une foule d’ info sur les bases de données. Félicitations pour les heures consacrées à la rédaction de ce texte.
Bonjour Denis et merci pour ton commentaire. Effectivement, il y a quelques heures de recherches, puis de rédaction, mais sachez que j’en prends grand plaisir. Merci encore.