Vous souvenez-vous de Cambridge Analytica? En 2018, le New York Times et le Guardian affirmaient que Cambridge Analytica, une société britannique de conseil en marketing politique, avait utilisé des informations personnelles obtenues frauduleusement de Facebook pour influencer les résultats du Brexit et de l’élection américaine de 2016 qui avait porté Donald Trump au pouvoir. Ces révélations avaient créé beaucoup d’inquiétude relativement à l’impact d’Internet sur le processus démocratique.
Un récent reportage des Décrypteurs apporte un bémol à l’impact réel de Cambridge Analytica. D’autres études montrent toutefois que des manipulations psychologiques sont possibles à travers Internet.
Essayons de démêler les fausses et les vraies menaces associées aux manipulations psychologiques. Cet article présente un résumé de l’émission les Décrypteurs et d’autres études sur les manipulations psychologiques.
Vous trouverez un lien vers l’émission les Décrypteurs à la fin de l’article. En plus du reportage sur Cambridge Analytica, vous y découvrirez comment limiter l’accès de Facebook, de TikTok et d’autres applications à votre géolocalisation, votre caméra et votre micro.
Les vantardises de Cambridge Analytica
En 2018, des articles du New York Times et du Guardian rapportaient que Cambridge Analytica avait obtenu illégalement des informations personnelles de dizaines de millions d’internautes, avait développé des profils psychologiques de ces internautes à partir de ces informations personnelles et prétendait pouvoir influencer les opinions et les votes de ces internautes au moyen de messages personnalisés basés sur les profils des internautes.
Le reportage des Décrypteurs démontre clairement que Cambridge Analytica mentait et n’a pas réussi à manipuler les électeurs et à influencer des processus démocratiques. C’est rassurant.
Cambridge Analytica n’était pas plus crédible que les charlatans qui vendent des régimes amaigrissants sur Internet. Les partis politiques qui les ont engagés, incluant le parti républicain américain et le parti conservateur anglais de Boris Johnson, ont été bien naïfs de leur faire confiance.
Il est tout de même inquiétant de constater avec quelle facilité Cambridge Analytica a obtenu des informations personnelles de dizaines de millions d’abonnés de Facebook et de voir que des partis politiques de pays démocratiques ont payé cette compagnie pour tromper des électeurs!
Les chambres d’écho sur Internet
Bien que Cambridge Analytica n’ait pas réussi à manipuler des électeurs, des études montrent qu’Internet peut manipuler psychologiquement les internautes à cause des chambres d’écho créés par les algorithmes des réseaux sociaux, les algorithmes des moteurs de recherche et les choix de lecture des internautes.
Une chambre d’écho est une situation dans laquelle les idées et les croyances d’une personne sont renforcées par la répétition d’idées semblables. Les réseaux sociaux et les moteurs de recherche veulent nous retenir sur leur site le plus longtemps possible. Pour le faire, ils détectent nos préférences, nos valeurs, nos choix politiques et nos biais sociaux, et ils nous présentent des articles, des vidéos et des sites en ligne avec nos préférences. Par exemple, si une personne exprime des doutes face aux vaccins, les réseaux sociaux lui présenteront des articles qui confirment cette crainte, tout en évitant de lui présenter des informations contraires à ses croyances. Cela renforcera évidemment sa méfiance envers les vaccins.
Vous pouvez aussi créer votre propre chambre d’écho en vous abonnant uniquement à des sites et en suivant uniquement des personnes d’une certaine tendance sociale ou politique. Par exemple, si vous vous abonnez et lisez uniquement des informations provenant de personnes appuyant la Coalition Avenir Québec (CAQ), vous en viendrez à penser que ce parti possède toutes les bonnes solutions et que les autres partis n’ont pas de bonnes idées.
Ce sont de telles chambres d’écho qui sont responsables de la polarisation de la société et de la radicalisation de plusieurs personnes conduisant parfois à des tueries de masse.
Nous ne sommes pas à l’abri des chambres d’écho. Il est important que nous soyons conscients des biais engendrés par les moteurs de recherche, les réseaux sociaux et les personnes que nous suivons sur Internet. Pour contrebalancer ces chambres d’écho, il est important de s’informer auprès de journaux, de stations de radio et de stations de télévision généralistes qui présentent tous les angles d’une information et non seulement un point de vue.
En résumé, ce sont les chambres d’écho, et non les compagnies comme Cambridge Analytica, qui manipulent les gens et qui nous manipuleront si nous ne diversifions pas nos sources d’information.
Pour visionner le reportage des Décrypteurs sur Cambridge Analytica :
- Allez à la page ici.tou.tv/decrypteurs.
- Cliquez sur le bouton Saison 4.
- Au bas de la page, cliquez sur le bouton Afficher les xx épisodes.
- Cliquez sur l’épisode 22 Scandale Cambridge Analytica : autopsie d’une fausse panique.
Michel Gagné
Je ne peux me retenir de mentionner ceci en toute bonne humeur :
a) je dis toujours merci à n’importe qui me promet et me donne un beau chèque ! Je ne suis pas une chambre d’écho car je peux aisément absorber ce beau bruit quelles que soient mes convictions ou bien à qui j’accorde mon vote 😉
b) les chambres d’écho n’ont aucune prise sur moi, pas parce que je suis influençable ou non mais parce que je ne vais pas (ou peu) pépèrer (verbe que j’invente) ou faire du voyeurisme sur Facebook et les autres réseaux sociaux. Désolant pour Facebook et ses partenaires !!! Et je fais attention à Google.
Merci Michel,
il me revient en tête les paroles d’un prof de philo..«Si vous n’avez qu’un seul enseignement à retenir de ce cours, c’est l’importance de faire votre propre opinion, ne suivez pas les tendances, questionnez, doutez (poliment) »…Oh ! que notre monde en a encore plus de besoin, inondez que nous sommes sous cette diarrhée continuelle d’information; la plupart justifiant le mot choisi pour la décrire.
Michel a abordé un beau sujet pour le BLOGUE du CIMBCC. Et les opinions des gens varient selon connaissances et leurs expériences de vie. Donc, tout un défi pour nos chers enfants chéris !
Plus important, Monsieur Bonneau, je désire vous transmettre par courriel des informations (que vous pourrez évaluer) au sujet de votre présentation sur l’adressage IP ! Voulez-vous me transmettre un courriel à pour que je puisse vous transmettre de l’information que je crois pertinente sur le sujet.
Robert Lapointe
Je suis tout à fait d’accord avec cette chronique et pas du tout surpris. Des « chambre d’échos », ça existe depuis qu’il y a des élections. À une époque pas si lointaine, ça venait du jubé (durant la messe), puis plus près de nos dernières électrions provinciales, INFOMAN nous montrait qu’un député CAQuiste se promenait sur les bancs de parcs et influençait les retraités en miroitant les chèques de 400$ et 600$ que la CAQ offrirait si il était élu.
Conclusion: le pouvoir de l’influence est proportionnel au degré d’influençabilité de la cible.
Ces informations m’aident…
Ces informations que vous donnez sont actuelles et m’aide enfin à mieux comprendre ce qui se passe dans le monde internet actuellement. Merci pour cet article et les liens.
Merci de nous mettre en garde. Par les temps qui courent, il faut vraiment être prudent.