
Il est intéressant de s’attarder à la répartition des trois grandes familles de systèmes d’exploitation (OS) en utilisation dans le monde. Dans cet article nous tenterons une brève analyse de celle-ci, des tendances mondiales et nous explorerons quelques pistes de réflexion. Nous nous attarderons également au sort de Windows 11 en dressant un tableau du marché actuel.
Quelles sont les trois grandes familles de système d’exploitation ?
Vous vous en doutez sûrement, nous parlons ici des familles Microsoft Windows, Apple macOS et les nombreuses distributions Linux. Ces trois familles constituent l’ensemble des OS en utilisation par les consommateurs que nous sommes dans le monde.

Soyez assuré que tout fabricant d’ordinateurs équipera son appareil, principalement de Windows, mais offrira également Linux pour certains d’entre eux, dont Lenovo et Dell.
D’autres en font une spécialité, comme System76. Toutefois, sachez que la plupart des ordinateurs équipés de Windows peuvent être remontés sous Linux.
En ce qui concerne macOS, seule Apple en est le développeur dont il équipe ses propres ordinateurs Mac. Toutefois, j’ai pu bénéficier d’un vieux portable MacBook Pro d’ancienne génération sous processeur Intel i5 que j’ai remonté avec Mint Linux. Cela fonctionne merveilleusement bien. Merci aux membres de l’atelier du club, Jacques, Jean-Marie et Michel pour ce portable.
Tout ceci pour vous dire qu’il est bien souvent possible de faire les choses autrement. Rien n’est totalement coulé dans le béton à ce niveau.
Quelle est cette répartition d’OS ?
Pour obtenir cette information, nous utiliserons le site StatCounter, qui est souvent cité comme référence. Cette entreprise est située à Dublin, en Irlande. Elle édite un logiciel d’analyse qui mesure le nombre de visites d’un site Internet. Ainsi, il est possible d’obtenir plusieurs informations, comme le type d’appareil, l’OS et le fureteur utilisé.
Avec plus de 1,5 million de sites qui utilisent ce produit et cinq milliards de pages consultées, nous pouvons conclure qu’il s’agit d’une bonne base de sondage à partir de laquelle il devient possible d’extrapoler les tendances.
Le dernier graphique publié en novembre 2025 concernant les OS en utilisation et qui couvre une année pour le monde entier est le suivant :

Les données sont les suivantes :

Il est clair que Microsoft domine avec Windows. Par contre, il y a des regroupements à faire pour les autres catégories.
Par exemple, nous pouvons assurément classer une bonne partie des « inconnus » (unknown) dans la catégorie des obscurs systèmes Linux. Après tout, le site DistroWatch répertorie plus de 300 distributions Linux actives et 600 inactives. Comme quoi trop c’est comme pas assez !
Bien qu’elle soit la propriété de Google, nous pouvons également ajouter la catégorie des ChromeOS, puisque celle-ci, si vous ne le saviez pas, est également basée sur Linux en son noyau.
Ceci porte le total des OS sous Linux à 17,4% (13,04 + 3,05 + 1,31).
En ce qui concerne les systèmes Apple, macOS et OS X sont de la même famille. Ce dernier est simplement l’appellation précédente du macOS. Celui-ci s’est nommé OS X de 1999 à 2015. Nous pouvons donc compter 13,10% d’utilisateurs d’ordinateurs Mac (8,25 + 4,85).
Par ailleurs, si nous examinons les mêmes données, mais uniquement pour l’Amérique du Nord, nous avons une perte encore plus marquée du côté Windows et une hausse du côté macOS.

Les données sont les suivantes :

Les parts sont de 62,75% pour Windows, 23,78% pour Mac (14,69 + 9,09) et 13,47% pour Linux (5,8 + 4,04 + 3,64).
Qu’en est-il des dix dernières années ?
Lorsqu’on regarde le tableau à plus long terme, soit les dix dernières années, nous constatons un lent déclin de Windows. Pourquoi les dix dernières années, me direz-vous ? Simplement parce que Windows 10 a été rendu public en juillet 2015.

Dans cette décennie, Windows est passé d’une part de marché mondiale de plus de 87% à une lente descente à 69,5%, soit une perte de 17,5%.
Pourquoi je me permets de souligner ce point ? C’est qu’à mon humble avis, à moins de changements majeurs chez Microsoft, cette tendance s’accentuera au fil des prochaines années.
Qu’est-ce qui me permet de me prononcer ainsi ? Les choix d’affaires et les nombreux faux pas de Microsoft en plus d’un marché changeant :
- Les exigences de Windows 11 par rapport à Windows 10 (c’est-à-dire les générations de processeurs, la puce de sécurité TPM 2.0) forçant plusieurs consommateurs à changer leur appareil.
- Des mises à jour erratiques causant d’autres bogues, plus nombreux au cours de la dernière année.
- Des ajouts intempestifs d’intelligence artificielle (IA) Copilot à travers tous leurs produits, souvent au détriment des réels besoins des consommateurs.
- Une direction qui semble orienter les décisions d’affaires davantage pour les entreprises au détriment des consommateurs.
- Un système d’exploitation lent qui semble crouler sous son propre poids.
- De plus en plus de publicité, d’offres d’abonnements pour les utilisateurs non payants.
Windows dans un monde en évolution
Il ne faut pas oublier que Windows 11 est disponible depuis 2021. En quatre années, le taux d’adoption n’a pas été un franc succès pour Microsoft si on compare le taux d’adoption de Windows 10 dont les utilisateurs qui effectuaient la mise à jour provenaient en bonne partie de Windows 7. Plusieurs d’entre eux, dont votre humble auteur, n’avaient pas passé à Windows 8 et 8.1 préférant attendre, disons, quelque chose d’aussi fonctionnel que Windows 7.

Dans un article (en anglais) de l’excellent Tom Warren du site The Verge, celui-ci relatait une information issue du directeur de l’exploitation chez le fabricant d’ordinateurs Dell, Jeffrey Clarke. Ce dernier soulignait qu’il y a actuellement 500 millions de PC qui peuvent passer à Windows 11, mais les utilisateurs ne le font pas, et un autre 500 millions de PC qui ne peuvent pas passer à Windows 11 et qui sont toujours en fonction sous Windows 10 pour un joli total d’un milliard d’appareils ! Cette information n’est pas banale.
Qu’en est-il du marché des tablettes ?
D’un autre côté, nous sommes à une époque où les tablettes sont devenues des outils complets et fiables. Plusieurs consommateurs s’orientent vers ce type d’appareil moins dispendieux, délaissant leur vieil ordinateur victime de l’obsolescence programmée, véritable plaie de l’industrie technologique. Ce marché de la tablette était naissant il y a une décennie.
Sur ce marché, Apple a une très légère avance face aux fabricants d’appareils utilisant Android, comme le montre le graphique suivant toujours sur une période de dix ans. Pour rappel, le premier iPad a vu le jour en 2010. Apple était précurseur dans ce domaine. Avant cela, le marché des tablettes était quasi inexistant.

En chiffres, pour l’année en cours.

Et le marché des téléphones intelligents ?
Ici, le monde Android domine du fait des nombreux fabricants, celui-ci étant un système ouvert développé par Google et utilisé par toute entreprise désireuse de mettre en marché un téléphone intelligent. Autre information importante; tous les appareils sous Android ont un noyau Linux.
Voici le graphique des dix dernières années.

En chiffres, pour l’année en cours.

Et où allons-nous avec tout cela ?
Un simple regard sur la dernière décennie nous fait réaliser combien le marché a grandement évolué. Les téléphones intelligents et les tablettes sont en forte croissance, grugeant toujours un peu plus du marché traditionnel des ordinateurs et Microsoft n’est présente que sur ce dernier marché. Ses tentatives vers les tablettes, les assistants numériques personnels et les téléphones intelligents ce sont tous soldés par des échecs.
Je crois qu’il faut également ajouter l’aspect générationnel à notre équation. La plupart des jeunes possèdent un téléphone intelligent, parfois une tablette et rarement un ordinateur à la maison. Conclusion, le marché évolue en fonction des générations de clientèles et l’une des clés de compréhension de cette tendance réside probablement là. Les générations plus âgées ont connu l’ordinateur et arrivent difficilement à s’en départir. Quoique, là aussi, nous assistons à une mouvance en défaveur du traditionnel PC.
Nous sommes à une période fort intéressante et probablement charnière. D’un côté, les consommateurs sont contraints de délaisser un système d’exploitation qu’ils connaissent depuis une décennie. Dans bien des cas, ceci implique l’achat d’un nouvel ordinateur. De l’autre côté, Windows 11 semble de moins en moins s’adresser à eux.
L’IA excessive et les nombreux faux pas de Microsoft ont rendu Windows 11 lent et erratique, plusieurs professionnels s’en plaignent et je m’inclus dans le lot. J’ai connu toutes les versions de Windows depuis Windows 2.1 et même MS-DOS avant la venue des interfaces graphiques comme outil principal d’interaction. Outre certaines éditions ratées comme Windows 98, les versions Windows XP, Windows 7 et Windows 10 ont été de bons systèmes d’exploitation.

D’un autre côté, la tendance toute IA adoptée par Microsoft éloigne le consommateur qui n’en a que faire. D’autant plus que cette IA Copilot n’est pas gratuite. Certes, il vous est permis d’effectuer quelques requêtes, mais au-delà d’un certain nombre plutôt restreint, il faut s’abonner et payer. À ce titre, ma dernière tentative avec Copilot pour Paint s’est terminée par une offre d’abonnement à Microsoft 365 Copilot, que j’ai refusé.
Bien que Windows soit gratuit en mise à jour depuis Windows 8, Microsoft n’a de cesse de nous harceler pour nous vendre tantôt de l’IA Copilot, tantôt du stockage OneDrive, tantôt Microsoft 365 récemment renommé Microsoft 365 Copilot, tantôt des logiciels tels Clipchamp. Bref, on a l’impression d’être pris pour des vaches à lait.
Des applications qui n’en sont pas !
Par ailleurs, on voit se dessiner une autre tendance que je n’aime pas du tout : les logiciels par application Web aussi nommés applications web progressives (Progressive Web Apps). C’est-à-dire qu’on remplace l’installation d’un logiciel, dit « client lourd », installé sur votre ordinateur, par une application légère, qui vous donne une vue sur des données, ou une application sur le Web.
Des exemples de cela, le Nouveau Outlook pour Windows 11 forcé sur votre ordinateur depuis janvier 2025 et le logiciel d’édition vidéo Clipchamp, une entreprise australienne que Microsoft a acquise. Je n’aime pas ce concept qui deviendra probablement une tendance lourde du côté Microsoft. J’aime avoir mes logiciels installés sur mon ordinateur sans devoir être constamment relié au Web.
Et pour le futur ?
Demeurons observateurs des tendances au cours des prochaines années, je crois que nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Je crois également que la tablette gagnera encore plus en popularité pour les raisons déjà mentionnées, d’autant plus qu’elle comble la plupart des besoins d’une bonne partie des consommateurs médians.
Dans un contexte où tout est à la hausse, le remplacement d’un ordinateur fonctionnel, mais désuet en raison de l’obsolescence programmée, n’est pas une priorité pour les familles. Les consommateurs chercheront un appareil peu dispendieux leur permettant de faire ce qu’ils ont à faire : lire, naviguer sur Internet, gérer leurs courriels, effectuer des transactions bancaires, payer leurs comptes, faire des achats en ligne et communiquer avec la famille et les amis à travers divers réseaux. À ces niveaux, une tablette est toute désignée.
Qu’en pensez-vous ? J’aimerais vous lire en commentaires.
Informatiquement vôtre,
Daniel Vinet