La pénurie de main-d’œuvre et nous – partie 2

mmnmMichel Gagné

Cet article fait suite au texte intitulé La pénurie de main-d’œuvre que nous avons publié le 13 décembre dernier.

Cet article mentionnait que nous pouvons contribuer à réduire la pénurie de main-d’œuvre et proposait un petit sondage pour mesurer le niveau d’utilisation par les lecteurs du CHIP de certains outils pouvant réduire la pénurie de main-d’œuvre.

Le présent article contient les résultats du sondage, discute de certains aspects des outils de productivité et propose un nouveau sondage sur l’utilisation d’outils de productivité plus récents et donc probablement moins populaires.

Deux cent trois (203) lecteurs ont répondu au sondage du 13 décembre. Les résultats du sondage sont donc assez représentatifs et vous les trouverez dans cet article.

Un nouveau sondage vous sera aussi proposé.


Les résultats du sondage du 13 décembre 2022

Question 1 : la réception de la facture d’électricité

Le lecteur devait cocher l’énoncé qui décrivait le mieux sa situation concernant la réception de sa facture d’électricité.

Énoncé Nombre de votes Pourcentage
Je reçois ma facture d’électricité par Internet. 163 80 %
Je reçois ma facture d’électricité par la poste, mais je prévois demander de la recevoir par Internet au cours des 6 prochains mois. 20 10 %
Je reçois ma facture d’électricité par la poste et je ne prévois pas demander de la recevoir par Internet au cours des 6 prochains mois. 20 10 %
Question 2 : le paiement de la facture d’électricité

Le lecteur devait cocher l’énoncé qui décrivait le mieux sa situation concernant le paiement de sa facture d’électricité.

Énoncé Nombre de votes Pourcentage
Je paie ma facture d’électricité par transaction électronique (par paiement préautorisé, par paiement sur Internet ou par paiement à un guichet automatique). 193 95 %
Je paie ma facture d’électricité de façon traditionnelle (par chèque ou au comptoir de mon institution financière), mais je prévois migrer vers un paiement électronique au cours des 6 prochains mois. 5 2.5 %
Je paie ma facture d’électricité de façon traditionnelle (par chèque ou au comptoir de mon institution financière) et je ne prévois pas changer ma méthode de paiement au cours des 6 prochains mois. 5 2.5 %

Les résultats précédents démontrent que l’acceptation et l’utilisation des transactions électroniques pour la réception et le paiement des factures d’électricité sont très élevés dans notre groupe. Bravo !

Où vont les bénéfices des outils de productivité ?

Lorsque nous utilisons des transactions électroniques ou des caisses libre-service, nous contribuons à réduire la pénurie de main-d’œuvre, mais en même temps nous réduisons les frais d’exploitation de nos fournisseurs. Il est légitime de se demander qui bénéficie de la réduction des frais d’exploitation : est-ce le fournisseur ou le consommateur ?

La réponse est assez contre-intuitive : les économistes nous disent que c’est le consommateur qui en bénéficie parce que, dans un marché concurrentiel, un commerçant qui voit ses coûts diminuer va réduire ses prix dans le but de maintenir ou d’augmenter sa part de marché.

Notre première réaction est évidemment de douter de cette supposée « loi économique ». Tentons de mieux comprendre ce qui en est.

Explication théorique

Pour un fabricant ou un commerçant, la meilleure façon d’accroître ses profits est d’augmenter sa part de marché parce qu’alors il majore ses revenus et bénéficie d’économies d’échelle qui lui permettent de réduire ses coûts.

Ainsi, un épicier, voyant ses coûts diminuer parce que ses clients utilisent ses caisses libre-service ou pour une autre raison, aura tendance à réduire ses coûts pour attirer plus de clients et faire plus de profits. S’il ne le fait pas, c’est son compétiteur qui le fera et, conséquemment, c’est son compétiteur qui augmentera sa part de marché et ses profits.

Pour la même raison, le prix des fraises, qui est très élevé au milieu de juin, diminue considérablement à la fin de juin lorsque la récolte est plus abondante. Le vendeur qui ne réduirait pas le prix de ses fraises à la fin de juin dans le but d’augmenter ses profits aurait une mauvaise surprise : ses clients déserteraient son magasin au profit de ses compétiteurs.

Évidemment, cela est seulement vrai dans un marché libre où les fabricants et les commerçants ne se concertent pas pour maintenir des prix élevés. Comme la fixation des prix par concertation est illégale au Canada et que le gouvernement, les associations de consommateurs et les consommateurs surveillent cette situation, on peut présumer que les marchés sont libres généralement au Canada et jouent en faveur des consommateurs. Évidemment, des fabricants et des commerçants tentent occasionnellement de déjouer les règles, mais ils finissent par se faire prendre et ils en paient le prix en termes d’amendes et de perte de réputation.

Je sens que quelques-uns d’entre vous ne sont pas convaincus par cette explication théorique. Regardons donc un exemple pratique.

Exemple pratique

J’ai acheté ma première télévision dans les années 1970. J’ai alors payé 500 $ pour une télévision couleur de 27 pouces. En dollars d’aujourd’hui, le coût de ma télévision serait d’environ 2000 $.

Aujourd’hui, je peux acheter une télévision couleur de 27 pouces pour 150 $. L’amélioration des produits électroniques et des processus de fabrication ainsi que la fabrication de masse ont permis cette réduction de prix. Dans cet exemple, il est évidemment que la réduction des coûts s’est reflétée dans le prix des téléviseurs et que les consommateurs en ont grandement profité.

Une petite analyse économique permet aussi de constater que les fabricants et les commerçants en ont très peu profité. Dans les années 1970, les entreprises faisaient en moyenne un profit sur leur investissement de 5 à 7 % après inflation. Aujourd’hui, les entreprises font un profit de… 5 à 7 % après inflation.

Les entreprises qui sont innovantes dans la conception de leurs produits ou dans leurs processus de fabrication peuvent espérer faire un profit plus élevé pendant une courte période, mais rapidement, leurs concurrents les copient et les entreprises doivent continuer à innover pour espérer maintenir des profits élevés. Pendant ce temps, ce sont les consommateurs qui profitent des innovations et des réductions de prix.

Ces règles sont à la base de l’économie libérale, un système qui nous a bien servi depuis plusieurs siècles. Évidemment, l’économie libérale a aussi des effets néfastes et les gouvernements doivent la règlementer pour en contrôler les abus. Mais ça, c’est une autre histoire qui déborde le cadre de cet article.


Le nouveau sondage

Je vous propose un nouveau sondage sur l’utilisation d’outils de productivité. Les outils mentionnés dans ce sondage sont plus récents et parfois un peu plus difficiles à utiliser. J’ai bien hâte de voir le niveau d’acceptation de ces outils parmi les lecteurs de CHIP.

Note amusante :

Les caisses libre-service ont parfois des avantages insoupçonnés. Comme la loi défend aux magasins de vendre des boissons alcoolisées à des mineurs, lorsque vous présentez une boisson alcoolisée à une caisse libre-service, la caisse affiche un message vous demandant d’attendre et appelle un commis qui vérifie votre âge. C’est arrivé à mon épouse récemment… et elle a été très heureuse de se faire carter, ça ne lui était pas arrivé depuis très longtemps !

Note :

J’avoue que je n’utilise pas encore cette façon de renouveler mes médicaments. Une de mes résolutions de 2023 est justement de le faire lors du prochain renouvellement de mes médicaments.

Les résultats de ces trois sondages

Pour afficher une page résumant les réponses recueillies jusqu’à maintenant, cliquez ici et les résultats s’afficheront dans une nouvelle fenêtre. 

Les résultats complets seront aussi publiés dans un prochain article du CHIP.


Nouveaux outils

Le nombre d’outils de productivité que nous pouvons utiliser est presque infini et plusieurs de ces outils sont peu connus. Par exemple, savez-vous que :

  • vous pouvez soumettre une nouvelle prescription à votre pharmacie sans aller à la pharmacie; il suffit de la prendre en photo au moyen de l’application de votre pharmacie sur votre tablette ou votre téléphone intelligent ?
  • vous pouvez aussi obtenir le total annuel de vos frais pharmaceutiques pour votre déclaration de revenus en visitant le site de votre pharmacie ?

Je vous invite à mentionner dans les commentaires ci-dessous des outils de productivité que vous utilisez et que vous voudriez faire découvrir aux autres lecteurs du CHIP.

Michel Gagné

13 réflexions sur « La pénurie de main-d’œuvre et nous – partie 2 »

  1. J’ai utilisé un logiciel (payant mais pas cher), Photomyne, pour facilement scanner toutes mes photos. Ce fut un travail très long mais très intéressant qui a occupé mon hiver 2021. Depuis, j’ai accès à toutes mes photos de 1900 à aujourd’hui que j’ai placées en albums via Google photos sur ma tablette ou téléphone.

  2. Article fort intéressant, Michel.
    Personnellement, je privilégie le contact humain aux machines. À l’épicerie, lorsque je n’ai que quelques articles, il m’arrivent de passer aux caisses électroniques selon l’achalandage.

    À la pompe, je n’aime le mode de fonctionnement de pré-autorisation. De plus, je vais souvent à un fournisseur ayant une carte de points. À ce moment, c’est plus simple de passer à l’intérieur.
    Bonne journée

  3. Très bonne chronique Michel.
    Lorsqu’un employé à la caisse me demande s’il envoie ma facture par courriel, ma réponse est toujours la même: « oui ».
    Je profite de ce commentaire pour raconter une anecdote qui m’a bien fait sourire cette semaine: je devais attendre longtemps dans une banque pour un remboursement…postal, que je n’ai jamais reçu. La commis a dû passé au moins 1/2 heure avec le service à la clientèle, pour savoir comment remplir le formulaire, que ce même service à la clientèle ne voulait pas m’envoyer directement à moi, par courriel.
    Si on m’avait fait un interac, la traite bancaire ne se serait pas perdu par la poste, en pleine période des Fêtes, non?
    Pendant ce temps, une dame s’est présenté à la commis juste à côté, pour voir son….relevé bancaire, puis faire un retrait en argent. Elle aurait pu faire tout cela au guichet automatique. Elle ne veut pas apprendre. Dommage pour ces employées de banque compétentes et surtout, patientes, qui auraient pu utiliser leurs compétences pour du travail bien plus important.

  4. Je ne vais plus à la bibliothèque municipale pour me procurer mes livres, je me sers maintenant de ma tablette pour commander dans une bibliothèque et pour lire mes livres.

  5. L’Internet change fondamentalement à la fois le marché du travail, la structure industrielle et la répartition de la richesse. Certains travailleurs ont une production démultipliée parce qu’Internet leur permet de vendre ou de donner ce qu’ils produisent à un coût par unité très faible. D’une part, ceux qui arrivent à protéger ce qu’ils produisent contre la copie ou la contrefaçon peuvent le vendre et demander un prix correspondant à la valeur du produit pour l’acheteur et des logiciels peuvent même leur permettre d’extraire tout le surplus du consommateur, c’est-à-dire de faire payer à chaque acheteur le maximum qu’il est prêt à payer. D’autre part, ceux qui n’arrivent pas à protéger ce qu’ils produisent contre la copie ou la contrefaçon ou encore qui produisent quelque chose qui n’est pas rare sont contraints à le donner ou presque. Ainsi, au lieu d’avoir une répartition des revenus qui suit une courbe normale, on a une répartition des revenus qui suit plutôt une loi log-normale (https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_log-normale) qui s’approche d’une loi de puissance (https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_puissance).

    Au niveau de la structure industrielle, les économies d’échelle entraînées par les réseaux informatiques en général amènent une concentration des marchés autour de quelques entreprises dominantes (un oligopole) ou même une seule (un monopole). Les entreprises faisant partie d’un oligopole peuvent plus facilement contrôler un marché en uniformisant les prix, par exemple en offrant aux clients de vendre au même prix que les autres membres de l’oligopole. A la limite, cela donne un cartel, comme celui du pétrole. D’autres cartels se sont formés puis ont été démantelés, comme celui du sucre et du pain par exemple. Un monopole peut essentiellement demander le prix qu’il veut et doit souvent être réglementé. Au Québec, on a la Régie de l’énergie. Dans la fabrication des composantes d’ordinateur, il y a des entreprises géantes impossibles à remplacer à court terme à cause de l’expertise unique qu’elles détiennent et des investissements pharaoniques nécessaires pour maintenir leur domination sur le marché. Dans la production de logiciels, il y a des entreprises dominantes propriétaires de programmes informatiques d’une complexité telle qu’ils sont eux aussi impossibles à produire à court terme. Les programmeurs qui travaillent pour ces entreprises sont bien payés, mais la plupart des autres sont contraints soit de travailler pour de jeunes pousses avec un taux d’échec très élevé ou de donner leur temps à des projets de logiciel libre, ce qui donne des monopoles avec frange concurrentielle. C’est pire qu’ailleurs dans le domaine du logiciel car un programmeur vivant dans un pays où le coût de la vie est bas peut faire concurrence à un programmeur vivant dans un pays où le coût de la vie est élevé en baissant ses prix en conséquence.

    Quelqu’un comme Jacques Attali prévoit qu’il n’y aura bientôt essentiellement que deux classes sociales: les ultra riches et la majorité, ceux qui vivotent. Entre les deux, il y en aura quelques uns qui espèrent devenir riches et ceux qui craignent de se retrouver parmi ceux qui vivotent. Mais il a quand même une vision positive de l’avenir, en 2030 (https://youtu.be/baWfd-vRIqM) et en 2050 (https://www.attali.com/prospective/2050/).

  6. À ma dernière visite chez mom médecin et à l’aide de son appareil cellulaire , elle a demandé un rendez-vous pour un examen pour moi. Une heure plus tard arrivé chez moi l’hôpital avait laissé un message sur mon répondeur qu’on m’attendais avec le nom de l’infirmier et l’endroit où me rendre à l’hôpital Honoré Mercier à Saint-Hyacinthe.

  7. Mon médecin à la clinique médicale Le Semtier envoyé par courriel directement à la pharmacie. Le pharmacien le prépare vitement. Pas de papier pas d’attente.
    Il faut que les médecins soit éduqués à comment travailler efficacement.

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