Le Département de la Justice des États-Unis demande à Google de vendre Chrome

Daniel Vinet
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Le 15 août dernier, je vous faisais part dans cet article de la condamnation de Google par la Justice américaine concernant des pratiques anticoncurrentielles visant son navigateur Chrome. Bien que condamné, aucune sentence n’avait encore été déposée.

Mercredi, le 20 novembre 2024, le département de la Justice des États-Unis a proposé des mesures agressives pour rétablir la concurrence sur le marché de la recherche en ligne après qu’un juge fédéral ait statué que Google maintenait un monopole illégal depuis une décennie.

Sceau du Département de la Justice américaine (source : Wikipédia)

Les recommandations, déposées par le département de la Justice américain, pourraient radicalement modifier les activités de Google, y compris la possibilité de scinder le navigateur Internet Chrome et de syndiquer ses données de recherche à des concurrents. Évidemment, Google s’oppose à ces recommandations, affirmant qu’elles briseraient une gamme de produits Google que les gens aiment et trouvent utiles dans leur vie quotidienne.

Pourquoi le Département de la Justice se concentre-t-il sur Chrome ?

Les procureurs fédéraux affirment que l’objectif principal de ces propositions est d’empêcher Google d’utiliser son moteur de recherche dominant pour étouffer illégalement la concurrence et l’innovation. Ils qualifient Chrome de « passerelle vers Internet » qui fournit au géant de la recherche des données qu’il utilise ensuite pour la publicité ciblée.

Les régulateurs estiment que demander à Google de se départir de Chrome créerait des conditions de concurrence plus équitables pour les concurrents de la recherche. Chrome est également inclus dans l’ensemble des applications fournies avec Android sur les téléphones intelligents, dans le cadre d’un écosystème d’appareils mobiles qui, selon les régulateurs, donne à Google un avantage considérable.

Chrome est-il le seul problème ?

Le Département de la Justice a décrit une série de mesures comportementales visant à donner aux moteurs de recherche rivaux une meilleure chance de concurrencer Google, notamment :

  • Interdire à Google de conclure des accords d’une valeur en milliards de dollars pour verrouiller son moteur de recherche comme option par défaut sur l’iPhone d’Apple et d’autres appareils populaires.
  • Interdire à Google d’utiliser les résultats de recherche pour favoriser ses propres services, tels que YouTube ou sa plateforme d’intelligence artificielle récemment lancée, Gemini.
  • Forcer Google à concéder sous licence les données de l’index de recherche à ses rivaux.
  • Exiger de Google qu’il soit plus transparent sur la façon dont il fixe les prix que les annonceurs paient pour être listés en haut de certains résultats de recherche ciblés.
  • Donner aux éditeurs, aux sites Internet et aux créateurs de contenu le droit de refuser que leurs données soient indexées pour les résultats de recherche de Google ou pour former ses modèles d’intelligence artificielle.

Bien que les régulateurs fédéraux n’aillent pas jusqu’à exiger que Google se défasse d’Android, ils laissent la porte ouverte à cette possibilité si les autres mesures proposées s’avèrent inefficaces pour rétablir la concurrence sur le marché de la recherche.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Google a la possibilité de soumettre sa propre liste de solutions proposées en décembre et les régulateurs fédéraux déposeront une version révisée de leurs propositions au début du mois de mars. Les audiences sur ces mesures proposées devraient commencer en avril et le juge Amit Mehta devrait rendre une décision finale avant la fête du Travail. Google devrait faire appel de l’affaire après les audiences sur les recours, ce qui signifie que l’affaire pourrait traîner pendant des années devant les tribunaux.

L’avis d’Eric Schmidt

Eric Schmidt, ancien PDG de Google (source : Wikipédia)

L’ancien PDG de Google, Eric Schmidt, dont je vous ai parlé lors de ma présentation sur les moteurs de recherches, s’est prononcé contre les recommandations du Département de la Justice, les qualifiant de « mauvaise idée » qui nuirait aux consommateurs. Il soutient que les clients veulent une expérience intégrée et que la séparation de Chrome des autres produits Google ne ferait que nuire à l’expérience utilisateur.

Il affirme également que l’accord actuel entre Google et Apple, par lequel Google est le moteur de recherche par défaut sur les appareils Apple, est le résultat de négociations équitables et qu’il n’est pas judicieux pour le gouvernement de s’ingérer dans cet accord.

Note de l’auteur

Suivant mon article paru le 24 octobre dernier concernant NotebookLM de Google, je me suis permis d’utiliser l’intelligence artificielle (IA) de Google afin de m’assister dans la rédaction de cet article, question de démontrer concrètement ce qu’il est possible de faire avec ce genre d’outil.

Deux articles ont servi à la composition de celui-ci, l’un de l’AP (Associated Press) que vous retrouverez ici, puis l’autre de NPR (National Public Radio) que vous trouverez ici. Bien sûr, j’y ai ajouté ma touche personnelle, trouvant inadéquats certains termes et formulations utilisés par l’IA.

Comment ai-je procédé ?

Après avoir affiché les articles en mode « lecteur », fonctionnalité offerte dans la plupart des navigateurs Internet permettant d’enlever toute publicité afin de n’avoir que le texte de l’article, j’ai imprimé ceux-ci au format PDF. Par la suite, j’ai importé ces deux articles dans un nouveau bloc-notes de NotebookLM auquel j’ai demandé de me composer un article résumé d’une page concernant ces deux articles.

En espérant n’avoir offusqué personne, mon idée était de démontrer les capacités de ces agents conversationnels tout en informant sur l’actualité technologique.

Informatiquement vôtre.

Daniel Vinet

11 réflexions sur « Le Département de la Justice des États-Unis demande à Google de vendre Chrome »

  1. Un bel article Daniel, claire, net et précis qui nous donne l’heure juste sur l’évolution de ce géant qui envahit notre monde et plus…

  2. Merci pour ce « cours » sur le partenariat possible avec l’IA.
    J’ai lu une chronique sur cette saga judiciaire contre Google. En me plaçant du côté du consommateur – donc, ma place -, je ne trouve pas que Google impose son modèle d’affaire. Même celui avec Apple vient d’une entente réciproque. Je ne me sens aucune obligé d’utiliser les produits Google. Je trouve que Google fait un très bon travail, et c’est pour cela qu’on le choisi sans se faire tordre le bras.

    1. Bonjour Céline. Tu as effectivement raison, personne ne se fait tordre un bras en tant que consommateur, il s’agit davantage des jeux de coulisses auxquels nous n’en voyons que les résultats lors de nos recherches ou lorsqu’un moteur de recherche est utilisé par défaut. Ceci étant dit, les politiques auxquelles nous consentons lors de l’installation de Chrome sont claire, nous sommes le produit comme bien d’autres logiciels gratuits. Merci pour ton commentaire.

      1. Effectivement Daniel: nous sommes le produit. Tant pis pour nous si nous sommes consentants. Ça me fait un peu sourire quand je vois tous ces groupes qui demandent une compensation financière pour LEURS mauvaises habitudes. À nous de se responsabiliser, même si ce n’est pas ce que la société moderne inculque au peuple.

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