Les moments charnières de l’Histoire

mmnRichard Gervais

Il va sans dire que nous traversons une époque remarquable depuis maintenant près d’un an. Les mesures sanitaires liées à la pandémie continuent d’imposer des interdictions ou des restrictions à nos rencontres sociales. Le télétravail et les vidéoconférences dominent dans la plupart des entreprises de service, incluant votre club informatique. En conséquence, les ventes d’ordinateurs portables ont fortement augmenté en 2020. Au printemps dernier, nos fournisseurs d’accès Internet comme Bell et Vidéotron nous ont même momentanément fait cadeau d’un volume illimité d’octets sur Internet, ce qui n’est plus le cas maintenant.

C’est une chose de posséder un ordinateur et d’avoir accès à Internet, mais c’est plus difficile de trouver du contenu méritant un détour spécial. Les algorithmes utilisés par Google sur YouTube ont tendance à toujours nous proposer des vidéos semblables à ce que nous avons déjà vu auparavant. Il peut parfois être intéressant de sortir des sentiers battus.

Cet article vous parlera d’Histoire, d’une chaîne YouTube et de romans historiques de Ken Follet.


La nécessité du recul historique

Nos voisins américains ont finalement réussi à voter en suffisamment grand nombre contre Donald Trump pour lui montrer la porte le 3 novembre dernier. Le spectacle désolant offert par cet être narcissique, amoral et immoral a pollué la conscience collective depuis cinq ans. Il a démontré des points communs avec des dirigeants autoritaires comme Poutine (Russie), Duterte (Philippines), Erdogan (Turquie), Modi (Inde) et Kim Jong-Un (Corée du Nord).

Le dictionnaire Robert définit la démocratie comme une « forme de gouvernement dans laquelle la souveraineté appartient au peuple ». Le jeu démocratique implique toutefois des élections où les politiciens respectent le choix des urnes. Durant sa campagne, Trump n’a cessé de préparer sa défaite en dénigrant la validité du processus électoral américain. Son attitude de mauvais perdant atteint des sommets disgracieux qui seraient intolérables même chez un enfant en bas âge.

En plus d’être un mauvais joueur, ce menteur pathologique a régurgité des faussetés avalées par les adeptes de son culte de la personnalité. Sa rhétorique incendiaire a lancé une meute armée contre le Capitole des États-Unis le 6 janvier dernier. Cet assaut monté par ses fidèles nous a illustré une tendance antidémocratique très dangereuse.

Après le soulèvement raté contre le Capitole, Trump a été bloqué dans les médias sociaux, notamment Facebook et Twitter où il sévissait sans filtre depuis plusieurs années. Le dessinateur Frédéric Deligne a bien résumé son retrait forcé des plateformes numériques dans la caricature suivante.

Caricature de Deligne publiée le 11 janvier 2021

Il reste maintenant à savoir quel sera l’impact véritable de Trump dans l’Histoire des États-Unis. Pour cela, nous manquons encore de recul historique pour bien juger son legs politique.

Toutefois, avec plus de 400 000 morts au moment de la parution de cet article, sa gestion catastrophique de la pandémie s’inscrira certainement dans l’histoire médicale comme l’exemple à ne pas suivre. Cette autre caricature de Trump illustrant son manque de leadership et de vision avait déjà été publiée dans un article du CHIP du 14 mars 2020.

Donald J. Trump, selon la couverture du New Yorker du 9 mars 2020

Les moments charnières

Le Wiktionnaire définit un moment charnière comme « un moment dans le temps ou l’histoire lors duquel des changements importants s’opèrent ». Il est parfois impossible de prendre conscience de ces instants en même temps qu’ils se produisent. Cela prend du recul pour les identifier.

Il y a quelques années, c’était le centenaire de la Première Guerre mondiale (1914-1918). J’ai alors décidé d’améliorer ma compréhension de ce conflit ayant causé la mort de 9,7 millions de militaires et de 8,9 millions de civils. Ce n’est pas nécessairement une tâche facile en raison du siècle d’écart nous séparant de ces événements et la disparition de nombreux protagonistes comme les empires allemand, russe, austro-hongrois et ottoman. Il devient difficile de suivre les péripéties de ces combats lorsque les noms de villes et de pays changent au fil des guerres et des révolutions.

Soldats britanniques occupant une tranchée prise aux Allemands pendant la bataille de la Somme en juillet 1916

Pour ce qui est de la Première Guerre mondiale, j’ai beaucoup aimé cet exposé de la chaîne YouTube Histoire Géo. Cela dure seulement une quinzaine de minutes, mais il y a énormément d’informations à apprendre en l’écoutant. Cet affreux conflit armé s’est terminé par le traité de Versailles.

Tout comme il y a de mauvais perdants comme Trump, il existe aussi de mauvais gagnants. L’Angleterre et surtout la France imposèrent des conditions tellement oppressantes à l’Allemagne que la Seconde Guerre mondiale était presque déjà inscrite dans l’encre du traité de Versailles. Ce document daté de 1919 constitue donc un moment charnière du XXe siècle. Une période de 20 ans a été nécessaire pour aboutir à sa suite logique, soit le conflit déclenché par Hitler en 1939, la Seconde Guerre mondiale avec ses 62 millions de morts.

Tant qu’à visiter la chaîne Histoire Géo, je vous recommande d’écouter aussi cet exposé sur la guerre de Sept Ans. Le traité de Paris de 1763 a scellé la fin de la présence de la métropole française en Amérique du Nord. L’histoire du Québec ne constitue toutefois qu’une petite note de bas de page de cette guerre de Sept Ans.


Pour les adeptes de romans historiques

Si vous avez le goût de mieux comprendre les causes et les conséquences des guerres du vingtième siècle tout en vous divertissant, je vous suggère la lecture de la trilogie de Ken Follet sur le vingtième siècle.

Ces trois romans décrivent les joies et les malheurs des membres de familles américaines, anglaises, allemandes et russes à travers la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale et la Guerre froide, tout en expliquant les causes et les séquelles des trois guerres. Les livres expliquent les raisons qui ont poussé les pays à entrer en guerre, tout en nous montrant les retombées de ces décisions sur monsieur et madame tout le monde.

Les titres des trois livres sont :

Pourquoi ne pas profiter du confinement pour s’informer tout en se divertissant? Les livres sont d’autant plus intéressants qu’on y découvre des parallèles troublants entre les perturbations de notre époque et les causes ainsi que les répercussions des trois guerres du vingtième siècle.


Je tiens à remercier Michel Gagné qui m’a fourni le texte de la section précédente en lien avec les romans historiques de Ken Follet.

Je vous souhaite des découvertes intéressantes au cours des prochaines semaines alors que les activités de votre Club informatique reprennent pour la session d’hiver.

Richard Gervais


Note de l’éditeur

Sous l’onglet « À propos » sur la page d’accueil du site Web du CIMBCC, vous pouvez trouver « Notre mission et notre politique ». Il y est dit que « Le Club informatique Mont-Bruno observe une neutralité politique et religieuse ainsi qu’une neutralité commerciale dans les domaines de l’informatique et des communications ».

En tant qu’éditeur du blogue et auteur de l’article que vous venez de lire, je dois vous assurer que les termes qualifiant l’ancien président Trump sont basés sur des sources crédibles. Il ne s’agit pas seulement de mes opinions comme le démontrent, entre autres, les références suivantes :

Il est important de dénoncer la désinformation dont nous avons été victimes depuis quelques années. Trump n’a pas cessé de colporter des Fake News même lorsque la vie de ses concitoyens était en jeu. Le Québec a aussi souffert de ce genre de fausses nouvelles en lien avec la COVID-19.

La mission du CIMBCC est d’offrir « un cadre pour le partage de connaissances et l’entraide en informatique » et non d’émettre des opinions politiques. Malgré cette réserve, la fin de la présidence Trump s’inscrira probablement comme un moment charnière du siècle actuel avec la mention d’un bon débarras. Cet article n’a que relaté des faits que nous avons pu observer depuis trop longtemps sur nos écrans de télévision et d’ordinateur.

R. G.

23 réflexions sur « Les moments charnières de l’Histoire »

  1. Tu as vraiment une belle plume Richard, car tu as suscité plein de commentaires intéressants, j’espère qu’il y en aura encore d’autres à venir aussi intéressants.

  2. Merci Richard pour cet article très intéressant. Comme toujours tu as su nous présenter un article peaufiné et appuyé sur des sources. Tu as su exprimé très bien la pensée de plusieurs au sujet de Trump.
    J’apprécie aussi la suggestion de lecture, la trilogie de Ken Follet sur le vingtième. C’est un auteur dont j’ai déjà apprécié ses écrits.
    Encore une fois, bravo et merci.

  3. Qui n’est pas d’accord avec tous ces commentaires? Outres les millions d’Américains qui sont pro Trump, et un seul canadien qui fait partie de mon cercle d’amis ou de connaissances je vois qu’enfin le monde entier respire normalement: c’est comme si nous avions réussi à vaincre la Covid-19. Merci pour cette excellent article et les recherches que cela implique

  4. Merci Richard pour cet article. Je crois qu’avec le recul, la présidence de Trump sera désignée comme un « pénible incident de parcours » dans l’histoire de cette vénérable institution.

    Une précision Richard: le XXe siècle n’a pas connu trois guerres, mais deux. Ce qu’on appelle la « Guerre froide » fut plutôt une lutte d’hégémonie entre l’Union Soviétique (l’URSS), maintenant disparue, et les États-Unis. Le président Kennedy a fortement résisté aux suggestions des généraux du Pentagone qui lui suggéraient une réponse par la force lors de la Crise d’octobre (les missiles de Cuba) qui a bien failli dégénérer en guerre nucléaire. Kennedy dira par la suite : « Il est absolument inacceptable que deux hommes puissent avoir le pouvoir de détruire le monde. » Par la suite, nous avons heureusement connu plusieurs efforts de désarmement nucléaire.

    1. Merci pour votre commentaire.

      Je suis d’accord pour dire que la « Guerre froide » n’est pas un conflit unique ayant embrasé la planète comme ceux de la Première et de la Seconde guerre mondiale. Toutefois, plusieurs millions de personnes y ont quand même laissé leur vie dans cet affrontement idéologique par pays interposés.

      Pour ce qui est de la crise de Cuba, l’humanité est passée à quelques minutes d’une troisième guerre mondiale. L’hiver nucléaire subséquent, que les survivants auraient dû affronter, aurait encore des conséquences, même soixante ans (ou presque) après les faits.

  5. Bonjour,
    Je suis d’accord avec vous sur le caractère de Donald Trump et de ses politiques erratiques.
    Mais on doit tenir compte des réalités de la situation actuelle aux États-Unis.

    Il y a 60 ans dans son discours de fin de mandat, le président Eisenhower a mis en garde les Américains du danger de l’existence du « complexe militaro-industriel ». Depuis cette époque, ce monstre n’a cessé de grandir gangrené par la corruption et l’incompétence avec un budget colossal.
    En plus, depuis des décennies des problèmes majeurs menacent les États-Unis :
    1. La montée vertigineuse des inégalités de revenus et un taux de pauvreté grandissant;
    2. Leur implication dans une multitude de conflits militaires dans le monde;
    3. L’augmentation incontrôlée de consommation de drogues de toutes sortes;
    4. Les conflits ethniques grandissants;
    5. La prolifération unique au monde d’armes de guerre parmi la population;
    6. Un taux de criminalité et d’emprisonnement parmi les plus élevés au monde;
    7. Un système généralisé de surveillance public et privé;
    8. Des infrastructures désuètes et délabrées.

    Les États-Unis sont un pays avec un potentiel extraordinaire. Malheureusement ces problèmes peuvent les amener à la catastrophe et au chaos, étant nos voisins cela peut grandement nous affecter.
    J’espère que la nouvelle administration pourra corriger une grande partie de ces problèmes qui datent pour certains de plusieurs décennies, mais j’en doute.

    Simon Garneau

    1. Merci pour vos commentaires éclairés.

      La quantité d’argent dévolue aux dépenses militaires américaines est phénoménale, soit 721,5 milliards de dollars US selon cette référence. Cela représente environ 15% des dépenses totales. Social Security, Medicare et Medicaid prennent 60% et le service de la dette requiert 8%, même si les taux d’intérêt sont au plus bas. Il ne reste pas beaucoup d’argent pour diminuer la pauvreté et gérer la pire crise sanitaire depuis la grippe espagnole.

      Les défis que devront surmonter les démocrates dans les 4 prochaines années sont énormes. Je leur souhaite bonne chance, car nous serons certainement éclaboussés en cas d’échec.

  6. Bon article qui nous enligne vers de belles découvertes littéraires et de belles découvertes sur la valeur, souvent sous-estimée, des ressources illimitées qu’offre YouTube.

  7. On ne peut pas fermer les yeux sur ces faits et ce dangereux personnage qui fait honte à la démocratie. Puisqu’à travers notre vécu voir étude et lecture, il y a de l’histoire, j’ai lu ces trois romans assez passionnants avec grands intérêts. Assez lourd, cela n’a pas été long que je les ai déposés sur ma liseuse Kobo. Quel plume ce Ken Follet. D’ailleurs, je vais commencer bientôt son tout dernier. Toujours un plaisir de suivre les commentaires du club informatique.

  8. Bonjour, une gros merci pour ce bel article qui est d’actualité, surtout en cette journée mémorable.
    Très beau travail de recherche. Mes félicitations!

  9. Merci M. Gervais pour votre article sur les moments charnières de l’Histoire, tellement intéressant! Je n’ai pas l’habitude de lire jusqu’au bout ce genre d’écrit, c’est vraiment bien résumé avec beaucoup de références à l’appui. Je me suis inscrite la semaine dernière à CHIP et j’en suis très heureuse. Au plaisir de vous relire.

  10. Encore une fois un grand merci pour partager avec nous une cette tout aussi élaboré que tes précédentes, Richard. Digne d’un éditeur d’une grande revue internationale.
    Mon opinion personnelle au sujet de la vénération de Trump par l’extrême droite chrétienne est que je ne vois aucune similitude avec « le Sauveur d’il y a plus de 2000 ans ». Si au moins, Trump aurait eu l’humilité de déclarer, tout comme le Jésus chrétien: « Mon royaume n’est pas de ce monde »…, en chantant Charles Aznavour « il faut savoir, quitter la table…. »

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