Pour lire les articles précédents de cette série, visitez la première, la seconde, la troisième, puis la quatrième partie.

Nous terminerons cette aventure de l’histoire de Windows avec les deux dernières versions en liste ainsi qu’un petit aperçu de l’avenir de Windows. Embarquez avec moi pour cette toute dernière escale de cette longue série d’articles.

2015 – Windows 10

Le 29 juillet 2015, Microsoft lance le successeur de Windows 8.1, soit un peu moins de deux ans après ce dernier. Il s’agit de Windows 10.

Officiellement, à l’interne chez Microsoft, il s’agit de Windows NT 6.4, la version NT 6.0 étant considérée comme Windows Vista que nous avons vu dans la partie précédente de cette série. Toutefois, il s’agit d’un renouveau important pour Microsoft qui présente cette nouvelle mouture comme une plateforme unifiée pour les ordinateurs de bureaux, les portables, les tablettes et 2-en-1 ainsi que les téléphones intelligents. L’entreprise tente de marquer encore une fois ce changement d’ère en sautant par-dessus la version 9 et ainsi marquer davantage le détachement de Windows 8.x.

Par ailleurs, Microsoft annonce du même coup qu’il s’agit de la dernière version de Windows, qu’il n’y aura pas d’autres versions outre des mises à jour régulières. Nous verrons plus loin que Microsoft se ravisera sur le sujet, comme quoi seuls les fous ne changent pas d’idée.

Windows 10 sera offert gratuitement aux utilisateurs des systèmes d’exploitation Windows 7, 8 et 8.1. Une campagne publicitaire harassante sera déployée en prenant la forme de fenêtre apparaissant régulièrement à l’écran de l’utilisateur l’incitant à passer à Windows 10. Elle sera même poussée à certains utilisateurs via une mise à jour forcée. Cette façon cavalière de procéder ne sera pas du tout appréciée des utilisateurs et fera la manchette des revues spécialisées.

Force est de constater que la firme de Redmond a opéré un changement de cap important, et ce depuis l’arrivée à la présidence de Satya Nadella depuis 2014 qui a donné à Microsoft une tournure définitivement infonuagique. Aujourd’hui Microsoft est davantage dédiée aux entreprises via ses nombreux logiciels et services tous offerts via la plateforme infonuagique Azure. Là où Microsoft a débuté, soit l’ordinateur personnel, celui-ci n’est désormais plus son pain ni son beurre.

Par ailleurs, toujours sur le marché de l’ordinateur personnel, Microsoft demeurait la seule entreprise à faire payer d’office son système d’exploitation. En effet, le macOS d’Apple était gratuit depuis la version Maverick en 2013 et les diverses saveurs de Linux ont toujours été gratuites. Microsoft se devait donc de réagir.

Du côté des navigateurs Internet, Microsoft a bien compris que son autre fois populaire Internet Explorer est en grande perte de vitesse face aux performances inégalables de son compétiteur direct, Google Chrome. Dans cette optique, Microsoft avait annoncé quelques mois auparavant le successeur d’Internet Explorer, soit Microsoft Edge. D’ailleurs, ce dernier utilise Chromium, la base en code source ouvert, offert par Google. C’est dire à quel point Microsoft reconnaît sa défaite dans la bataille des navigateurs.

L’assistant vocal Cortana est également introduit dans cette version de Windows. Cortana avait été initialement développé pour les Windows Phone en version 8.1. Malheureusement, cet assistant personnel ne sera jamais à la hauteur de ses compétiteurs tels qu’Amazon Alexa, l’assistant Google ou Siri d’Apple. D’ailleurs, Microsoft commencera un long retrait de Cortana, d’abord de sa console de jeu Xbox en 2020, puis des marchés internationaux. En juin dernier, Microsoft a annoncé le retrait de Cortana de Windows 10 pour le remplacer par un nouvel outil d’intelligence artificielle nommé CoPilot (anglais) basé sur la technologie ChatGPT.

En passant, voici une petite anecdote concernant le nom Cortana. Celui-ci provient de l’intelligence artificielle dans le jeu vidéo Halo également publié par Microsoft Xbox Game Studios. Par ailleurs, la voix en anglais de Cortana, autant dans le jeu vidéo que pour le Windows Phone, est personnifiée par l’actrice américaine Jennifer Lee Taylor. L’actrice prête également sa voix pour quelques autres personnages de jeux vidéo, dont la Princesse Peach dans la franchise Super Mario de la firme Nintendo.

Côté interface graphique, Microsoft répond aux nombreuses plaintes concernant son prédécesseur en annonçant le retour du menu « Démarrer » représenté par une icône avec le logo de Windows 10. D’ailleurs, ce menu emprunte quelques éléments que nous retrouvions avec Windows 7. Exit la page inutile des applications de Windows 8. Enfin, Microsoft écoute ses utilisateurs !

Côté applicatif, le concept d’application universelle est introduit. Cette nouvelle technologie logicielle permet aux développeurs de créer une application pouvant fonctionner autant sur ordinateur personnel, que sur une tablette, un téléphone intelligent, une console Xbox et divers systèmes embarqués. Inutile de préciser que ceci facilite grandement la vie des développeurs d’applications et favorise le foisonnement d’applications.

Plusieurs autres nouveautés sont introduites avec cette version, encore une fois trop nombreuses pour être listées ici. Sommairement, celles-ci touchent le multimédia, l’introduction de bureaux multiples, une plus grande intégration des services en ligne ainsi que les jeux vidéo qui sont de plus en plus intégrés avec sa plateforme XBox. Microsoft intègre également de la publicité poussée aux utilisateurs, chose que nous n’avions pas auparavant, comme quoi rien n’est réellement gratuit en ce bas monde.

Plusieurs éditions de Windows 10 seront produites dont le fameux mode « S » introduit avec Windows 8 et qui a tant mécontenté les consommateurs. Ce dernier est d’ailleurs discontinué depuis 2018, Microsoft reconnaissant enfin la confusion introduite avec cette version. Pour une liste complète des versions de Windows 10, je vous suggère cette page Internet.

La réception de Windows 10 par la presse spécialisée ainsi que des professionnels du milieu est excellente, considérant cette version de loin supérieure à Windows 8.x. Même le milieu des affaires est enthousiaste. Certains vont jusqu’à considérer cette version comme le « nouveau Windows 7 », c’est peu dire combien cette dernière avait été appréciée, dont moi le premier. Au passage, je dois avouer que Windows 10 est la version qui m’a fait quitter définitivement Windows 7.

Les requis matériels pour Windows 10 sont :

• Un processeur à 1 GHz, 32 ou 64 bits.
• Un minimum de 32 Go d’espace sur disque dur.
• Une mémoire vive (RAM) à 1 ou 2 Go en fonction de la version 32 ou 64 bits, 4 Go recommandées.
• Un affichage graphique au minimum de 800 x 600 pixels.
• Pour les autres spécificités, vous pouvez consulter cette section (en anglais).

Microsoft a régulièrement mis à jour Windows 10, soit deux mises à jour majeures par année ainsi que des mises à jour mineures hebdomadaires que nous appelons affectueusement « Patching Tuesday », car celles-ci sont généralement disponibles tous les mardis.

Toutefois, il y a un petit « twist » concernant les mises à jour majeures. Selon le cycle établi par Microsoft, il n’est pas possible d’accumuler plus de deux retards dans ces mises à jour au prix de devoir réinstaller complètement Windows 10 sur l’ordinateur. Ceci représente un réel défi pour les entreprises, défi auquel nous nous sommes butés lorsque j’étais encore en emploi. Cette nouvelle cadence imposée par Microsoft nécessite des équipes permanentes au sein des entreprises afin de suivre le rythme des mises à jour, ce qui représente des dépenses significatives.

Voyant les difficultés que cela représente au sein des entreprises de plus petite taille, ainsi que les nombreuses plaintes et problématiques formulées par les clientèles, Microsoft annonce en novembre 2021 que le cycle des mises à jour majeures est ramené à une fois par année. Par ailleurs, Microsoft avait lancé le successeur de Windows 10, le mois précédent. Dès cet instant, le sablier du temps a inévitablement commencé à s’écouler, Microsoft annonçant la fin du support étendu de la version courante de Windows 10 pour octobre 2025, cette date est évidemment sujette à révision.

2021 – Windows 11

Le 5 octobre 2021, Microsoft rendait disponible Windows 11, le système d’exploitation qui ne devait jamais voir le jour selon les propos tenus par Microsoft lors du lancement de son prédécesseur. Windows 11 est offert gratuitement à tout utilisateur de Windows 10 dont l’ordinateur rencontre les nouveaux requis technologiques qui sont très spécifiques, comme nous le verrons.

Cette version apporte son lot de changement au Windows Shell, nom de l’interface graphique de Windows. Ainsi, nous voyons encore une fois un menu « Démarrer » entièrement redessiné et toujours représenté par une icône du logo de Windows. Celui-ci est placé au centre de la barre de tâches plutôt qu’à gauche comme nous l’avons toujours connu. Rassurez-vous, il est toujours possible de le repositionner à gauche via les paramètres de configuration. Cette fois, les tuiles disparaissent pour de bon et sont remplacées par de simples icônes.

Un panneau de Widgets fait son apparition remplaçant encore une fois les tuiles de son prédécesseur. Il s’agit essentiellement de petits composants logiciels informatifs et interactifs à l’utilisateur. Un exemple : le widget de météo en temps réel est cliquable et vous amène vers un site donnant davantage d’informations.

Encore une fois, il y a beaucoup de nouveautés sous le capot avec cette version. Celles qui sont dignes de mention sont : un mode « Snap » pour diviser l’écran entre plusieurs applications, l’intégration de Microsoft Teams, pour les conversations instantanées et visioconférences, et le mode de bureaux multiples améliorés.

Parmi les requis de Windows 11, Microsoft n’offre plus de version 32 bits. Seule la version 64 bits est offerte. Rassurez-vous, vos vieux logiciels 32 bits fonctionneront encore sous Windows 11. Il s’agit d’une évolution normale de la technologie, Apple ayant fait de même avec macOS Catalina sorti en 2019.

Par ailleurs, Microsoft en profite également pour rehausser les requis de sécurité en exigeant le démarrage sécurisé UEFI (Unified Extensible Firmware Interface), il s’agit du logiciel d’amorçage d’un ordinateur avant même le lancement du système d’exploitation et remplaçant le traditionnel BIOS (Basic Input Output System) qui effectuait cette tâche jusque-là. Du même coup, Microsoft exige la présence d’une puce TPM en version 2.0 (Trusted Platform Module). Il s’agit d’une technologie de chiffrement local dont seuls les ordinateurs produits après 2016 sont dotés.

Toujours en ce qui a trait aux requis, voici ce qu’il vous faut :

• Un processeur Intel de 8^e génération et supérieur ou un processeur AMD Ryzen de 2^e génération et supérieur, doté de Zen+.
• Un minimum de 4 Go de mémoire vive.
• Un minimum de 64 Go d’espace sur disque dur.
• Pour une liste complète des particularités, vous pouvez consulter cette page Internet.

Étant donné les spécificités techniques requises et dans le but de vous faciliter la tâche, Microsoft produira un logiciel nommé Contrôle d’Intégrité du PC (PC Health Check ) à télécharger, puis à exécuter sur votre ordinateur afin d’évaluer si celui-ci peut faire fonctionner Windows 11.

Mis à part les remontrances dues aux requis technologiques, la réception de cette nouvelle version par la presse spécialisée et les professionnels du milieu est plutôt bonne. Personnellement, j’utilise Windows 11 depuis ses débuts et je l’apprécie. Bien qu’imparfait à son lancement, Microsoft a rapidement apporté des améliorations qui en font un solide système d’exploitation. Après deux ans d’existence et de nombreuses et continuelles mises à jour, je peux affirmer que Windows 11 a atteint une belle maturité qui le rend agréable à utiliser.

Toutefois, l’histoire de Windows ne s’arrête pas là. En juillet 2022, Microsoft fait une déclaration importante (en anglais) en annonçant qu’elle retournait à un cycle de nouvelles versions aux trois ans, comme cela existait dans le passé, soit de Windows Vista à Windows 10. Encore une fois, il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée…

Dans cette optique, Microsoft travaillerait sur le successeur nommé provisoirement Windows 12, nom de code à l’interne : Hudson Valley. Pour le moment, Microsoft est plutôt avare de commentaires, mais quelques fuites d’informations nous laissent entrevoir une possible sortie autour de l’automne prochain, respectant ainsi son cycle de trois ans.

Par ailleurs, lors de la conférence annuelle Microsoft Ignite 2023 qui s’est tenue le mois dernier, Microsoft a utilisé une version de Windows que nous n’avions jamais vue, lançant ainsi le moulin à rumeur sur la prochaine version de Windows. Voici un aperçu de cette version.

Notez, le Widget de météo au coin supérieur gauche, la recherche au centre et les informations de Wi-Fi, de pile, de date et d’heure à droite. Notez également que la barre de tâches au bas est flottante. Est-ce là une première vue du successeur de Windows 11 ?  Possible. Seul l’avenir nous le dira.

Voilà, c’est ici que se termine cette longue série sur l’histoire de Windows. J’espère avoir retenu votre attention tout au long de cette série. J’espère également que vous avez eu autant de plaisir à la lire que moi à effectuer les recherches et à la rédiger.

Sur ce, je vous souhaite de joyeuses fêtes.

Daniel Vinet