Vous trouverez la première partie de cette série d’articles ici.
Dans cette seconde partie, nous entreprenons l’histoire de la nouvelle ère de Windows. Celle-ci démarre avec la version Windows 95. Je parle de nouvelle ère, car à partir de cette version, l’environnement graphique devient le mode d’affichage et de fonctionnement par défaut.
En effet, toutes les versions précédentes de Windows démarraient en DOS, soit en ligne de commande, puis il fallait lancer l’environnement graphique à l’aide de la commande « win » pour y accéder.
1995 – Windows 95
C’est le 24 août 1995 que Windows 95 est rendu disponible au grand public. Avec l’arrivée de cette nouvelle génération, l’interface graphique est grandement améliorée et nous assistons à la naissance du bureau Windows tel que nous le connaissons encore aujourd’hui. Toutefois, ne vous y trompez pas, le DOS, en version 7.0, est toujours bien présent, mais caché sous le capot.
C’est également dans cette version que le fameux bouton « Démarrer » (Start) fait son apparition à gauche, au bas de l’écran. Notez que nous utilisons encore ce menu aujourd’hui, le mot ayant été remplacé par le logo Windows.
De nombreuses autres innovations s’ajoutent, dont la barre des tâches et la zone de notifications au bas à droite.
Autres nouveautés, le protocole Plug-and-Play (PnP) est introduit. Il s’agit d’une technologie permettant la reconnaissance automatique de périphériques compatibles, telle une imprimante, lors du branchement. Bien que l’idée soit excellente, dans les faits, disons qu’elle n’était pas tout à fait au point. Parfois, cela fonctionnait comme prévu, d’autres fois, il fallait bidouiller et télécharger des pilotes pour que le périphérique fonctionne.
Par ailleurs, en sa version 32 bits, Windows 95 introduisait pour la première fois les noms de fichiers long (anglais). Fini la limitation nommée 8.3, c’est-à-dire un maximum de huit caractères pour le nom du fichier, suivi de trois caractères pour l’extension qui identifie le type de fichier. Exemples; AUTOEXEC.BAT, MAPHOTO.JPG. Dès lors, nous avions accès à 256 caractères pour le nom et trois ou quatre caractères pour l’extension.
Petite anecdote ici, l’extension de fichier à trois caractères, et même quatre caractères, est toujours en vogue de nos jours, que ce soit pour :
- les photos : .JPG ou .JPEG, .PNG ;
- les vidéos : .MP4, .MOV ;
- les fichiers de la suite Microsoft Office : .DOCX, .XLSX ;
- les fichiers exécutables : .EXE.
Cette extension permet au système d’exploitation d’associer l’application et l’icône appropriées à vos fichiers. Pour une liste détaillée des extensions existantes, je vous invite à consulter cette page Web.
Fait à noter, une amélioration de Windows 95, nommée Microsoft Plus!, vendue séparément au coût de 50 $US, permettait d’ajouter des thèmes graphiques, des jeux, mais surtout le tout nouveau navigateur Internet Explorer en sa version 1.0. Il faut dire que le protocole TCP/IP, véritable colonne vertébrale de l’Internet, n’est pas initialement inclus avec Windows 95. Internet Explorer et le protocole TCP/IP seront intégrés en février 1996, lors de la révision 1 ( OEM Service Release 1) de Windows 95.
C’est également avec cette version de Windows que le menu contextuel appelé avec le bouton droit de la souris fait son apparition. L’idée n’était pas nouvelle puisqu’elle était déjà en fonction sur le Xerox Alto dans les années 1970. Toutefois, il s’agit de la première à viser le marché grand public, l’Alto étant destiné à l’entreprise. Cette nouvelle fonctionnalité s’est développée et est toujours utilisée aujourd’hui.
Windows 95 fut un véritable succès commercial grâce à une vaste campagne de mise en marché. D’ailleurs, un Youtubeur a monté une parodie d’une durée de 10 heures en boucle de l’équipe de direction de Microsoft dansant lors du lancement. Constater que Bill Gates ne sait pas danser est tout simplement loufoque.
D’un côté plus sérieux, Windows 95 est la première version pouvant unir les firmes du logiciel sous sa férule. Ainsi, nous verrons déferler une marée de logiciels tiers fabriqués spécifiquement pour ce système d’exploitation en mode graphique. Mis à part les jeux vidéo qui requièrent toute la puissance de l’ordinateur, les applications comme le traitement de texte, le chiffrier, la base de données, entrevoient leur salut à travers l’interface graphique au détriment du DOS qui, jusqu’alors, régnait en roi et maître.
Par ailleurs, il faut bien comprendre que le succès d’un système d’exploitation, aussi beau et performant puisse-t-il être, dépend de son adhésion par les fabricants de logiciels, ce qui entraînera l’adoption par les consommateurs. À ce titre, nous pouvons considérer Windows 95 comme le fer de lance de la viabilité et du développement futur de Windows.
Les requis d’installation de Windows 95 sont :
- Un processeur Intel 80386 ou 80486 pour des performances optimales.
- 4 mégaoctets (Mo) de mémoire vive.
- 50 à 55 Mo d’espace sur disque dur en fonction des options choisies.
- Un CD-ROM pour l’installation, bien qu’il y ait eu une version en disquettes de 3.5 pouces, le CD-ROM était fortement suggéré.
- Cette fois, la souris devient un incontournable.
La version 2.5, émise le 26 novembre 1997, uniquement aux fabricants d’ordinateurs, fut la dernière mise à jour du produit. Par ailleurs, celle-ci apporta une nouveauté importante, soit la mise à jour du système d’exploitation sous-jacent à Windows, MS-DOS 7.1 qui offrait maintenant le support FAT32 ce qui permettra d’accéder à des partitions de disque dur de 32 gigaoctets, une avancée importante à l’époque.
La fin de support fut fixée au 31 décembre 2000. Toutefois, un support étendu, moyen un frais, était possible pour une durée d’une année supplémentaire. Cependant, la popularité de cette version est restée élevée allant même à dépasser les ventes de son successeur dans l’année de son lancement.
Ici, permettez-moi une petite incartade pour vous raconter une anecdote sur le plus grand échec de Microsoft et même, l’un des plus grands floppe en matière de logiciel de la courte histoire informatique. Il s’agit de Microsoft Bob.
Sortie en mars 1995 et fonctionnant sous Windows 3.1, Windows 95 et, allez savoir pourquoi, Windows NT, un produit prévu pour l’entreprise, l’équipe de projet de Microsoft Bob s’était donné comme objectif de faciliter l’intégration de l’informatique dans les foyers des consommateurs en présentant une réplique d’un domicile où des éléments de la maison vous amène dans des applications bureautiques. Par exemple, un calendrier affiché au mur vous amène à l’application agenda, une bourse ouverte sur la table de salon vous conduit vers l’application de finances personnelles, etc. Il était également prévu d’ajouter d’autres applications sous forme de modules d’expansion.
Bien que l’idée initiale ne soit pas mauvaise, car elle émanait des travaux de deux professeurs de l’Université Stanford, je me souviens qu’à sa sortie, le produit était déjà la risée dans le milieu informatique. Même la presse spécialisée s’en était moquée n’aidant pas la cause. Ce produit a tellement été un échec, qu’il a été retiré du marché moins d’une année après sa sortie avec un maigre 58 000 exemplaires vendus ! Fait à noter, la responsable marketing de ce produit n’était nulle autre que Melinda Gates, l’ex-épouse de Bill.
Ici finit ma petite incartade que je ne pouvais passer sous silence. Désolé, c’était plus fort que moi.
1998 – Windows 98
Le 15 mai 1998 sortait le successeur attendu dans la lignée des systèmes d’exploitation grand public, Windows 98. Celui-ci, comme ses prédécesseurs, est une surcouche du DOS. Il n’y a pas de révolution du point de vue visuel, l’interface graphique demeurant sensiblement la même. La plupart des changements se situent davantage en arrière-plan afin d’améliorer l’expérience des utilisateurs. Microsoft elle-même l’identifiait comme une « mise au point » de Windows 95. Cependant, l’intégration Web à même le système d’exploitation est un élément clé de cette version, l’Internet prenant une place plus importante dans nos habitudes informatiques.
En effet, l’Internet a commencé à prendre son envol auprès des consommateurs vers 1994. Je me rappelle qu’en 1995, moi et un ami avions décidé de partager les frais d’une session de navigation de deux heures dans un café Internet, haut lieu de la navigation à l’époque puisque peu de gens avaient Internet à domicile. Nous avons passé deux heures à explorer, découvrir et naviguer. Au sortir de cette session, je me suis abonné à Internet et je ne m’en suis jamais détaché par la suite. Voilà maintenant 28 ans que je parcours la toile et le monde numérique.
Dans cette version de Windows, nous voyons apparaître le support des lecteurs DVD. D’autres nouveautés font leur apparition et qui deviendront des standards pour les générations à venir, soit le Nettoyage de disque, Windows Update pour les mises à jour qui se font maintenant en ligne, le support multiécrans, ainsi que le partage de connexion Internet. Soit dit en passant, Internet Explorer en version 4.01 était, cette fois, livré avec le système d’exploitation.
Windows 98 a été plutôt bien accueilli par la critique, voyant en celle-ci une mise à niveau corrigeant les lacunes de la version précédente tout en offrant les dernières innovations en matière informatique.
Cette version avait l’avantage d’être plus stable que son prédécesseur qui, je me souviens très bien, était enclin à des plantages sporadiques nommés « Blue Screen of death » ou « Écran bleu de la mort ». Bien que cet écran soit présent sous une forme ou une autre au fil des versions de Windows, disons qu’il prit un point tournant avec Windows 95 et un point marquant lors du célèbre plantage de la présentation de lancement de Windows 98. Ceci étant dit, une autre version, nommée Windows 98 Seconde Édition, fut lancée en mai 1999, apportant encore plus de stabilité à l’ensemble.
Dans sa première année de vente, Windows 98 vendit 15 millions de licences. Il faut également mentionner que la base des utilisateurs ne cesse de s’accroître, les ventes de PC allant bon train.
Le jour du lancement de Windows 98, je me rappelle que même les bulletins de nouvelles en parlaient. Les détaillants avaient commandé des palettes entières de cette version et au jour du lancement, les gens faisaient la file pour l’ouverture du magasin. J’ai retrouvé cette vidéo de la journée de lancement aux États-Unis. Disons que ça ressemblait à une journée de « Boxing Day ».
Les requis pour Windows 98 sont :
- Un processeur Intel 80486, ou la nouvelle lignée d’Intel Pentium recommandée.
- 16 Mo de mémoire pour la version originale et 24 Mo pour la seconde édition.
- Entre 140 et 355 Mo d’espace disque selon les options choisies lors de l’installation. Notez que les capacités des disques durs ont grimpé en flèche au fil des années, ce qui permettait ce type d’exigence.
- Une carte graphique VGA avec une résolution de 640 X 480 pixels.
- Un CD-ROM ou DVD-ROM pour l’installation, pas de version en disquettes cette fois.
- Une souris.
Notez que la version DOS sous-jacente demeure la 7.1, soit la même que la dernière mise à jour de Windows 95.
2000 – Windows Me
Windows Millenium Edition ou, plus simplement, Windows Me, fut lancé le 14 septembre 2000. Il s’agira de la dernière version de la famille nommée 9x de Windows. Cette famille de produits se caractérise par l’utilisation d’un noyau commun originalement créé pour Windows 95, mais également par l’utilisation de MS-DOS qui demeure la colonne vertébrale du système d’exploitation.
Cette version inclut Internet Explorer 5.5 qui est considéré comme la première version ébranlant la domination du navigateur Netscape dans ce qui est reconnu comme la « guerre des navigateurs » (anglais). D’ailleurs, l’intégration d’Internet Explorer au système d’exploitation est telle qu’elle est considérée comme une concurrence déloyale par le gouvernement américain qui intentera une poursuite contre Microsoft (anglais).
Windows Me est généralement bien accueilli par la presse spécialisée à son lancement, mais rapidement perçu négativement de la part des consommateurs en raison de problèmes de stabilité. Cette version apporte peu de nouveautés par rapport à ses prédécesseuses. Cependant, nous y trouvions le tout nouveau logiciel Windows Movie Maker (anglais) pour le montage vidéo de base.
Par ailleurs, la communauté professionnelle, dont je faisais partie, avait déjà passé à la version entreprise de Windows lancé plus tôt dans l’année, version que nous verrons prochainement. Windows Me a été généralement boudé par les professionnels du milieu informatique.
Autre fait à noter, lors du lancement de Windows 98, Bill Gates lui-même avait annoncé qu’il s’agissait-là de la dernière version de la famille Windows 9x. C’est pourquoi plusieurs d’entre nous n’avaient pas très bien saisi cette volte-face ainsi que le positionnement que cherchait à atteindre Microsoft avec cette version. Il s’avérera que le travail d’unification des versions grand public et entreprise était colossal pour le temps imparti à Microsoft qui devra maintenir les deux branches familiales le temps d’une dernière version.
Au fil de l’histoire, Windows Me sera considéré comme l’une des pires versions de Windows. Nous verrons prochainement qu’elle ne sera pas la seule couronnée de ce titre peu envieux.
Les requis de cette version sont :
- Un processeur Pentium ou Pentium II.
- 32 Mo de mémoire vive, 64 Mo recommandés.
- 320 Mo d’espace de disque dur, 2 Go recommandés.
- Un lecteur CD-ROM ou DVD-ROM.
- Une carte graphique VGA, recommandé SVGA.
- Une carte de son. Celles-ci ont commencé à apparaître depuis quelques années, apportant autre chose que des « bips » aux ordinateurs de la famille « PC ».
- Une souris
La fin de support pour cette version, initialement prévue pour décembre 2004, a été prolongée jusqu’en juillet 2006 afin de donner plus de temps de migration principalement aux marchés émergents sur le globe.
Comme mentionné plus haut, Microsoft offrait en parallèle, depuis 1994, un noyau destiné aux milieux professionnels, ce qui fait qu’elle devait entretenir deux versions de Windows, l’un pour un usage grand public, Windows 9x, l’autre pour l’entreprise, Windows NT. Originalement lancé en 1993, ce noyau destiné aux entreprises est né de la volonté de Microsoft de se détacher du développement du système d’exploitation OS/2, alors en partenariat avec IBM jusqu’en 1992.
Dans cette mouvance, Microsoft avait lancé plus tôt dans l’année la version Windows 2000. Celle-ci utilise cette nouvelle architecture détachée de MS-DOS. Elle deviendra le nouveau socle unificateur des deux familles. Toutefois, nous verrons ceci dans le prochain volet de cette passionnante aventure.
Donnons-nous rendez-vous dans le prochain volet de la saga Windows.
Daniel Vinet
Merveilleux résumé ! Encore bravo Daniel !
D’accord avec Pierre. Et oui en effet, chaque mouture palliait à nos frustration. Et avec le plaisir de découvrir les nouvelles frustrations ou limitations d’une nouvelle version.
Et dans mon cas et certainement d’autres, nous devions en pratique se doter d’un PC plus efficace et performant en même temps. Les besoins en mémoire et en processeur étant devenus exigeant.
Tonnerre de tonnerre! Tu me ramènes à cette époque où le sourire nous revenait à chaque nouvelle mouture qui palliait nos frustrations de la version précédente. Quel beau travail de conciliation et de vulgarisation!!!
Bravo Daniel, bien résumé avec combien de souvenirs visuels! Merci à toi membre de notre équipe de dépannage et plus…
Bonjour Marius. merci de tes commentaires, j’apprécie toujours.
Tu n’as pas à t’excuser pour ta « petite incartade » sur Microsoft Bob. Je n’avais jamais vu ni entendu parler de cette version de type « junior ».
Merci Céline, j’ai toujours grand plaisir à raconter ses anecdotes.
Je suis intéressé par vos commentaires sur la suite des applications jusqu’à Windows 11.
Félicitations pour votre article et le voyage dans le temps !
Simon Poulin
Merci M. Poulin, j’apprécie.