Pour lire les parties précédentes de cette série, visitez la première, puis la seconde partie.
Dans cette troisième partie, nous entreprenons un point tournant dans le développement de Windows. L’année 2000, nouveau millénaire, voit naître la fusion des branches Windows 9x (anglais), alors dédiée aux consommateurs, avec la branche familiale dédiée à l’entreprise qui est connue sous le nom de Windows NT.
Par ailleurs, l’ère du MS-DOS comme base sous-jacente à Windows devient également révolue, bien que toujours accessible à l’aide d’un terminal fourni avec toute version de Windows, et ce, depuis ses débuts.
2000 – Windows 2000
Le 17 février 2000, nous assistons au lancement du successeur de Windows NT 4.0, soit Windows 2000. Initialement connue sous le nom de Windows NT 5.0, cette nouvelle version sort sept mois avant son corollaire, Windows Me qui, rappelons-nous, ne devait pas voir le jour (voir la deuxième partie de cette série pour cette portion de l’histoire).
Toutefois, nous pouvions voir venir l’éventuelle fusion depuis la sortie de Windows NT 3.5, et ce, dès 1994. En effet, à la sortie de cette Version, Microsoft l’avait offerte en version dite « Workstation » ou station de travail, désignant ici un ordinateur personnel en entreprise.
Avec Windows 2000, Microsoft offrira une variété de versions. Le marché de l’entreprise et la montée fulgurante de l’Internet ont donné naissance à des besoins de plus en plus importants en termes de volume de stockage. Ainsi, Windows 2000 sera décliné en quatre versions :
- Professionnal: pour poste de travail, s’adresse aux entreprises et professionnels dans le milieu, mais se démocratise également tantôt aux consommateurs.
- Server: pour les serveurs informatiques en petite et moyenne entreprise.
- Advanced Server: pour les plus grandes entreprises et des besoins supérieurs en puissance.
- Datacenter Server: pour les centres de données naissants et les gros volumes de stockage et de traitement informatique.
Fait à noter ici, les deux dernières versions listées introduisent un nouveau concept de facturation par unité de processeurs. Les serveurs informatiques sont maintenant livrés avec plusieurs processeurs afin d’en augmenter la puissance de calcul. Or, ceci représente un défi technologique lors de la conception du système d’exploitation. Les versions Advanced Server et Datacenter peuvent fonctionner dans ces environnements exigeants. Toutefois, le coût d’acquisition d’une telle licence varie en fonction du nombre de processeurs présents dans la machine. Avec la version Datacenter, un maximum de 32 processeurs est supporté.
Windows 2000 offre également le système de fichier NTFS (New Technology File System) en version 3.0. Il s’agit ici du mécanisme utilisé par le système d’exploitation pour structurer la sauvegarde et la recherche de vos fichiers sur votre disque dur ou une unité de sauvegarde externe telles une clé USB ou une disquette.
Initialement introduit en première version avec Windows NT 3.51, NTFS offrait robustesse, chiffrement et capacité en comparaison du système FATx conçu pour des ordinateurs personnels dédiés à un usage domestique plus limité et demandant moins de sécurité.
Cette version de Windows a nécessité 5000 développeurs, elle a coûté 2 milliards de dollars américains et nécessité 750 000 testeurs de la communauté informatique mondiale. Le lancement avait été fait en grande pompe avec Carlos Santana à la musique, puis une courte apparition de Sir Patrick Stewart, connu pour son rôle du capitaine Jean-Luc Picard dans la célèbre série télévisée de science-fiction Star Trek Nouvelle Génération. Bref, Microsoft voulait marquer le coup d’une nouvelle ère au même titre que le nouveau millénaire qui s’amorçait. L’artiste Steven Ray Allen sera même embauché pour produire les sons de démarrage et de fermeture que vous pouvez écouter ici.
C’est également avec Windows 2000 Server que Microsoft introduit son fameux Active Directory, service d’interconnectivité réseau et d’annuaire permettant la gestion et la sécurisation des utilisateurs, des fichiers et des diverses ressources technologiques d’une entreprise. À ce jour, Active Directory est le service d’annuaire le plus répandu sur le globe. Rappelons-nous qu’à cette époque, l’univers réseautique d’entreprise était dominé par Novell avec ses célèbres produits, dont son système d’exploitation Netware et son annuaire NDS (Novell Directory Service). Dans ma carrière, j’ai travaillé plusieurs années avec les produits Novell.
Je me souviens que Windows 2000 a gagné le cœur des professionnels du milieu informatique, moi le premier. Bien que cette version soit longue à amorcer lors du démarrage de l’ordinateur, celle-ci jouissait d’une stabilité incroyable qui faisait oublier ses petits défauts. Parlant de défauts, un mémo fuité à la presse trois jours avant le lancement faisait état de 63 000 problématiques potentielles à corriger dans une future rustine. La journaliste indépendante Mary Jo Foley qui a publié cette information s’est vue mise sur la liste noire de Microsoft, comme quoi l’empire n’aime pas qu’on dévoile ses failles.
Windows 2000 nécessitait :
- Un processeur Intel Pentium à 133 MHz, Pentium II 300 MHz recommandé.
- 32 mégaoctets (Mo) de mémoire vive (RAM), 128 Mo recommandés.
- 1 gigaoctet (Go) d’espace sur disque dur, 5 Go recommandés.
- Une carte graphique supportant la définition VGA 800 X 600 pixels en 16 couleurs, 1024 X 768 recommandés.
D’autres spécifications techniques étaient requises pour les autres déclinaisons de Windows 2000. Par ailleurs, le support se termina en juin 2005. Un programme de soutien prolongé étendra le support jusqu’en juillet 2010.
2001 – Windows XP
Le 25 octobre 2001, le successeur de Windows 2000 fut lancé sous le nom de Windows XP. Le terme « XP » se voulant un acronyme de « eXPerience ». Celle-ci se décline en deux éditions, soit Home Edition pour un usage domestique et Professionnal Edition pour les professionnels du milieu et le poste de travail en entreprise. La différence concerne les fonctionnalités spécifiques à l’entreprise qui sont absentes de la version grand public.
Cette version amenait une interface entièrement redessinée, plus colorée et vivante se détachant de l’austérité de ses prédécesseurs. Du même coup, avec cette version, Microsoft venait de créer un véritable monstre, sans le savoir. Nous verrons pourquoi plus loin.
Avec ses couleurs vivantes, ses formes arrondies, son menu « Démarrer » redessiné et son image d’arrière-plan connue sous le nom de Bliss (originalement nommée Bucolic Green Hills), Windows XP apportait un vent de fraîcheur.
Dans sa version initiale, Windows XP est fourni avec le navigateur Internet Explorer 6, le logiciel de courriers Outlook Express en version 6, la messagerie instantanée Windows Messenger et un agrégateur d’informations nommé MSN Explorer. Des améliorations importantes ont été apportées côté réseautique dont la possibilité d’assistance à distance avec Remote Assistance et Remote Desktop. Microsoft a également introduit la fonctionnalité ClearType, une technologie permettant d’améliorer l’apparence des polices de caractères, surtout pour les écrans aux cristaux liquides qui proliféraient.
Volet antipiratage, Microsoft introduisit le Windows Product Activation, une technologie créant un identifiant unique basé sur une clé de produit et la prise en compte du matériel présent dans l’ordinateur de l’utilisateur, ceci en vue de limiter le piratage logiciel qui était une véritable plaie à l’époque. Toutefois, cette technologie a été fortement critiquée parce qu’elle était mal conçue et, au final, n’empêchait pas réellement le piratage. D’ailleurs, ce système a été contourné plusieurs fois. Il n’empêche que Microsoft perfectionnera cette technologie antipiratage au fil des années pour l’ensemble de ses produits, dont Microsoft Office.
Un mode de rétrocompatibilité est également offert permettant ainsi de faire tourner des logiciels initialement conçus pour Windows 95. Ceci permettait d’offrir un plus large éventail de logiciels conçus pour Windows tout en favorisant la migration vers Windows XP des utilisateurs qui s’assuraient ainsi du bon fonctionnement de leurs vieux logiciels.
C’est également à partir de cette version que Microsoft divisera à nouveau ses produits Windows en deux familles, soit l’une qui unira le marché grand public, les postes de travail professionnels et d’entreprises, l’autre pour les serveurs d’entreprise. Cette dernière portera désormais des noms composés par l’année de mise en marché. Ainsi, en 2003, Microsoft lança Windows Server 2003 en remplacement de Windows 2000 Server. Cette hiérarchie demeure encore de nos jours. Le graphique suivant vous montre l’historique à ce jour et la tendance qui se dessine à cette période :
Les requis pour Windows XP sont;
- Un processeur Intel Pentium 233MH, 300 MHz recommandés.
- Une mémoire vive de 64 Mo, 128 Mo recommandés.
- 1,5 Go d’espace sur disque dur.
- Un lecteur CD-ROM ou DVD-ROM
- Une carte graphique de type VGA 800X600, 1024X768 recommandés.
Notez que Microsoft produira une version 64 bits de ce système d’exploitation qui aura des requis supérieurs à ceux-ci. D’ailleurs, Microsoft produira de nombreuses variantes de Windows XP pour divers besoins. Les principales sont :
- Windows XP Starter Edition: une version à faible coût pour les marchés émergents. (Ex. Thaïlande, Vietnam, Turquie, Indonésie, Inde, etc.)
- Windows XP Media Center Edition: destinée aux ordinateurs conçus comme centre de divertissement multimédia.
- Windows XP Tablet PC Edition: version dédiée aux portables convertibles de type tablette pouvant utiliser un stylet.
- Windows XP for Embedded Systems: cette version, dite « embarquée», se décline en plusieurs saveurs suivant l’équipement visé. Par exemple, j’ai longtemps utilisé un assistant numérique portatif dans le cadre de mon travail. Nommé « Pocket PC », celui-ci utilisait une version dite embarquée de Windows XP et offrait des fonctionnalités similaires à ce que je retrouvais sur mon ordinateur, tel que la navigation Internet, le courrier électronique, l’agenda, la prise de notes, etc.
Microsoft mettra 5 années à produire le successeur de Windows XP, ce qui est un laps de temps énorme en informatique. Ici réside le fait que Microsoft a produit un monstre dont je vous parlais plus tôt. Les utilisateurs étaient devenus si familiers avec ce système d’exploitation performant et fiable qu’aucune envie de changer ne leur en prenait. En plus, Microsoft produira un troisième « Service Pack » en avril 2008, soit un an après la sortie de son successeur, Windows Vista, ce qui n’encourage en rien les utilisateurs à abandonner ce superbe système d’exploitation.
Bien que la fin de support soit annoncée pour avril 2009, le support étendu sera prolongé jusqu’en avril 2014 du fait des nombreuses contestations des utilisateurs, soit 13 ans après sa sortie. Du jamais vu !
Ici se termine cette troisième partie de la saga Windows. J’espère avoir toujours votre attention dans cette passionnante aventure.
C’est donc un rendez-vous pour la suite de l’histoire dans un prochain article.
Daniel Vinet
Tout un travail de recherche, de synthétisation et de vulgarisation. Je ne sais pas combien de temps tu y a mis, mais le résultat est excellent.
Félicitations
C’est captivant Daniel, de pouvoir te suivre dans l’évolution du système d’exploitation de Windows, à travers les années.
Bonsoir Réjean et Merci de tes commentaire, j’apprécie beaucoup!
J’ai été un utilisateur de ces différentes versions de Windows et cette série d’article m’a rappellé plusieurs souvenirs… Merci !
C’est un plaisir et merci de votre appréciation.
Bravo Daniel ! Superbe !
J’ai aimé ton très court résumé de Windows Me et ta référence à la 2e partie.
L’historique de l’évolution et de développement de cette version ainsi que sa comparaison avec les autres versions fut un peu beaucoup cauchemardesque.
Comme toi, j’ai utilisé presque toutes les versions et variations.
Encore une fois BRAVO !
Bonsoir Robert. Merci de tes commentaires, j’apprécie toujours.